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Par Aymeric Engelhard

 

Présenté en ouverture de l’actuel Festival de Cannes, le dernier opus du cinéaste new-yorkais à lunettes nous fait l’honneur de mettre en lumière notre belle capitale. Par le biais d’une histoire sensiblement différente de ce qu’il rabâche habituellement, Woody Allen trouve en Paris une nouvelle inspiration. Il était temps !

 

Après quatre escales en Angleterre et une en Espagne, le prolifique réalisateur de « Manhattan » prend enfin le temps d’honorer la France. Si les Etats-Unis ne lui permettent plus de tourner comme il l’entend, Woody Allen se tourne donc avidement vers l’Europe, continent qui a toujours contribué à son immense succès. Se faisant il délaisse de plus en plus fréquemment la place d’acteur préférant mettre un autre visage sur sa personnalité si particulière. Son œuvre riche aura cependant nourri un lourd défaut. Bien qu’il réalise un film par an, Allen se répète éperdument, rebattant sans cesse ses thèmes de prédilection. Cela convient évidemment aux aficionados mais pour ce qui des autres… D’où une espérance à chaque film, celle qu’enfin le frêle cinéaste new-yorkais fasse preuve d’originalité. Pour « Minuit à Paris » c’est Owen Wilson qui personnifie Allen. Curieux choix quand on connaît la filmographie très orientée comédie comique de l’acteur. Choix qui se révèle finalement excellent puisque Wilson endosse à merveille les questionnements du maître.

 

Son personnage est en balade à Paris avec sa femme, les parents de sa femme et les amis de sa femme. Il se retrouve seul face à ce microcosme qui ne partage en rien ses opinions et qui vit dans la superficialité. La nuit, il erre, arpentant avec amour (et alcool) les rues pavées. C’est là qu’il se met à rencontrer ses idoles des années 20 ayant vécu dans la capitale française. Hemingway, Fitzgerald, Dali ou encore Gauguin, artistes qui vont régir son inspiration d’écrivain. Alors que personne ne le croit, il se déconnecte peu à peu du monde réel et tombe amoureux de la muse de Picasso. Comme d’habitude, Woody Allen met en place un petit univers où les relations amoureuses se trouvent particulièrement instables. Ce qui pouvait paraître extrêmement embêtant dans ses précédentes réalisations devient plutôt agréable ici dans le sens où chaque débordement relationnel va du côté logique, les personnages sympathiques vont ensemble. La relation entre Owen Wilson et Marion Cotillard (parfaite) a effectivement tout pour plaire.

 

Dans un Paris nocturne chatoyant de lumière et de musique, on suit Wilson/Allen dans un monde que l’on aimerait aussi arpenter. Qui n’a jamais rêvé de rencontrer à la table d’un troquet sa plus grande idole… Du coup le réalisateur, qui réalise là certainement un fantasme sur pellicule, lèche son œuvre. Bien qu’il ne soit pas un grand film, « Minuit à Paris » n’en reste pas moins l’un des plus beaux de la filmographie du maître. Il n’est pas exempt d’y trouver quelques longueurs ainsi que quelques personnages assez agaçants mais le fait est que l’on se prend bien au jeu. Côté casting, chaque interprète s’éclate littéralement. D’Adrien Brody à Kathy bates en passant par Léa Seydoux, c’est du haut niveau. Ils assistent un réalisateur qui a su faire preuve d’une originalité nouvelle et particulièrement agréable. Il n’y avait rien eu de tel depuis l’âge d’or de ses comédies.