Photos © Jean-Luc Mège

Par Marc Polisson. 

C’est un spectacle à lui tout seul. Depuis toujours l’ancien animateur lyonnais adore le monde du show-biz et surtout ses coulisses. Aujourd’hui Philippe Tessier assiste le frère de Dalida dans sa tâche quotidienne : rendre la star des 70’s immortelle. Immersion dans l’univers nostalgique des folles années strass et paillettes.

 

Nous le retrouvons au « Diable vos verres », un charmant bistrot lounge avec vue imprenable sur le cimetière de Montmartre et sur les mamelles de la patronne, une belle Normande répondant au prénom de Pascale. Impossible de faire l’impasse sur Philippe Tessier, même si l’encore jeune homme (au demeurant fort sympathique) n’est pas un client facile. Car pour obtenir des infos quelque peu croustillantes, mieux vaut sortir la trayeuse, genre gros calibre ! Philippe est muet comme une tombe (celle de Dalida est à deux pas). C’est sans doute pour cette raison qu’Orlando l’a embauché en tant qu’assistant (c’est Marc, le fils cadet de Claude François qui les a présentés). 8 ans déjà ! Pendant ses 15 années de radio (1985-2000), il a scanné la bande FM lyonnaise dans tous les sens. Tout juste rapatrié d’Allemagne et après ses débuts à Crystal, il intègre le clan des animateurs vedettes de Scoop : Pierre Duqueroy, Jean-Philippe Sirano, Marc Bessous, Jean-Alain Fonlupt cornaqués par Philippe Vorburger et Daniel Perez. Patrick Deschamps le débauche pour Ciel FM et lui donne sa bénédiction pour son bizutage télé sur TLM alors dirigée par Gérald Bris, aujourd’hui patron d’NRJ 12. Dans les rues de Lyon, il lui arrive encore d’être abordé par des aficionados. « Ah, c’est vous l’homme à la casquette ! J’adore ce que vous faites ». Ces téléspectateurs néandertaliens qui n’ont sans doute pas branché TLM depuis 10 ans (on les comprend) font référence à «Ici Lyon » que Philippe a co-présenté au siècle dernier avec Christophe Gicquel. « On n’a jamais revu ça sur la chaîne lyonnaise ! » assure-t-il en se remémorant les « buzz » phares de l’émission qui a accueilli Texas, NTM et autres Zz top. Au gré des mouvements capitalistiques qui touchent le petit monde de la radio, le voilà dans le groupe NRJ en charge de la promotion de Chérie FM. C’est là qu’il noue des relations privilégiées avec Marc Lavoine ou Pierre Palmade. A l’aube du 3ème millénaire, notre radiologue a l’impression de tourner en rond. « J’avais envie de voir autre chose ! » La vie c’est souvent simple comme un coup de fil. Au bout du téléphone, il y a la voix d’Orlando qui lui propose d’être son assistant. « En 2 heures, j’ai dit oui ! » raconte-t-il. Une paire d’heures, juste le temps de consulter sa famille ainsi que Jean-Charles Mathey : « Vas-y ! Si ça se passe mal, tu peux compter sur moi ! », et Daniel Perez : « C’est le moment ou jamais. Si ça se passe mal, tu peux compter sur moi ! ». Philippe fait ses petits paquets et monte à la capitale. « Je ne regrette pas une seconde ! »

Si le microcosme a pris acte de son départ chez le frère de Dalida, personne ne sait exactement comment il occupe ses journées. Nous voilà rue Damremont au pied de Montmartre. Un grand pas de porte bleu nuit avec photo de Daida en couverture, un sas, et nous pénétrons dans le saint des saints. 200 m2 de bureaux qui abritent les sociétés d’Orlando (BG Production, Orlando Production et les éditions Bambino). Séparé du maître par un couloir, le grand bureau de Philippe Tessier et ses murs constellés de disques d’or. « Je centralise les demandes d’Orlando auprès de nos artistes et je gère leur planning » explique-t-il. Car dans l’écurie de Bruno Gigliotti (nom d’Orlando à l’état civil), se cachent outre Dalida plusieurs pépites comme Hélène Ségara, Cerena, Indra ou Nyco sans oublier les Vagabonds Melody Shake Frederic Chateau et même Daniel Ducruet. Au menu du jour, le prochain clip d’Hélène, un rendez-vous avec l’avocat de la maison, la pochette du nouvel album de Cerena « La parenthèse » qui tourne déjà pas mal en radio, Indra qui enregistre en ce moment son nouvel opus à Copenhague et au moi de mai ce sera autour d’Helene Segara d’être en studio pour son nouvel album, sans oublier l’agenda privé et professionnel d’Orlando. Quel genre de patron est-il ? « Il est redoutable et ne laisse rien passer ! » souligne Philippe qui est avec Antoine Angelelli l’un des proches du « dernier grand producteur indépendant après Barclay ». La sœur divinisée occupe une grande partie de leur temps de cerveau disponible, un singulier mélange de business et d’affectif. « En préparation de l’expo Dalida à la mairie de Paris, j’étais à ses côtés quand il a ouvert les placards renfermant robes et effets personnels. Il ne l’avait pas fait depuis 20 ans. » Autre séquence nostalgie, la sélection d’images pour le coffret 8 DVD retraçant la carrière de la star étalée de 1954 à 1987. « Nous avons visionné des heures et des heures d’archives » raconte celui qu’on devine soucieux, et attentif au moindre soupir de son boss. Les deux hommes étaient amis avant de travailler ensemble. Leur relation a-t-elle évolué depuis ? « Quand je suis au bureau, je suis avec mon patron. En dehors, j’ai ma vie et il a la sienne. Nous ne partons plus en vacances ensemble. » Chaque été, en revanche, Philippe descend à Saint Trop’ pour superviser l’arrivée d’Orlando à la Messardière. « Je vérifie que tout est ok et je m’envole pour l’Asie. » Alors assistant très personnel ou nounou ? « Un peu des deux ! » me toise-t-il du haut de son regard en coin si particulier. Son âge ? « Une question à ne jamais poser à Orlando ! » s’adoucit-il en me gourmandant. Est-il conscient de sa chance ? « Je sais que je suis ultra privilégié surtout quand on connaît la conjoncture du disque. » A-t-il pris la grosse tête ? « Il faut avoir beaucoup de recul. Il ya trop de gens qui se prennent la tête. Pour ma part je m’efforce d’être en retrait. Orlando est dans la lumière, mois je suis dans l’ombre » confesse-t-il sans pouvoir s’empêcher d’ajouter : « Mais c’est là qu’on s’amuse le plus ! » Désormais propriétaire à Paris, Philippe n’en oublie pas pour autant ses attaches familiales – son frère Jacques, son épouse Françoise et ses trois neveux – et amicales : son complice de voyage Gérald, son « bodyguard » Cédric, dit la Quartz, Amar, David, ou encore Julien. Des relations très éclectiques et anti bling-bling qui collent au caractère boulimique et discret de l’ami Tessier.