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Par Aymeric Engelhard

 

Le fleuron du teen-movie a depuis tourné de l’œil. Affublée d’une série de gros navets à l’humour bien gras pour suites, la trilogie « American Pie » n’attendait qu’un vrai quatrième épisode pour redorer son blason.

 

Du coup, on passe un bon coup de balai sur les cinq bêtises DTV (direct-to-video) et dont aucune firme ne peut être fière, on retrouve tous les personnages cultes et les bases de la saga pour une quatrième tarte enfin alléchante. Il faut croire qu’après un troisième épisode sympathique mais dénotant une petite baisse de régime, la saga « American Pie » atterrit dans les pires mains possibles. En découlent cinq nouveaux épisodes entre 2005 et 2010, tous plus navrants les uns que les autres (les personnages principaux sont majoritairement absents). Alors qu’il faudrait avoir clairement des envies de suicide pour tous les visionner (ou alors être psychologiquement très perturbé), le public se désintéressa d’une saga qui devint pourtant la figure de proue du « teen-movie » lorsque sortit en 1999 un premier volet redéfinissant les codes. Dans une époque nostalgique où (re)sortent au compte-goutte remakes, suites ou classiques en 3D, voici donc qu’Universal ressort « American Pie », oublie vite fait, bien fait les immondes séquelles et sort un véritable quatrième volet en espérant que le public aura eu la mémoire courte. A vrai dire, c’est avec un certain plaisir que l’on entrevoit les nouvelles tribulations de Jim, Oz, Kevin, Finch et Stifler. Malheureusement ce que l’on entrevoit mal c’est le scénario. Craintes qui se révèlent justes car logiques. On a quitté les terreurs du lycée lorsque Jim et Michelle se passaient la bague au doigt. Neuf ans plus tard, forcément, ils ont un enfant et niveau sexe ce n’est plus comme avant. Les scénaristes mettent l’accent sur le conflit des générations. Les potes se retrouvent comme au bon vieux temps mais se voient confrontés à Facebook et « Twilight ». Les filles sont toutes sorties de « Projet X », nymphomanes dont la taille du cerveau n’a d’égale que la ficelle de leur string (belle vision de la jeunesse américaine…), et les mecs sont plus que jamais superficiels. Du coup, l’humour découle de ce face-à-face générationnel. Si la saga n’a jamais marqué par la finesse de ses situations comiques, cette fois-ci c’est encore pire. Il arrivera bien de rire quelques fois mais la véritable qualité du film relève du plaisir de retrouver ces bras cassés de l’amour. Alors que tout le long-métrage se base sur les déceptions de la trentaine, on assiste au perpétuel schéma dans lequel tout le monde fait sa crise puis se réconcilie à la fin dans un happy-end bien lourd. Aucune surprise notable. Les bases du premier film modernisées sont respectées. Quelques bonnes idées viennent cependant relever la sauce. La rencontre entre le père de Jim (bon juif sage) et la mère de Stifler (cougar de compétition) apparaît comme l’un des fantasmes ultimes de la saga (bien qu’au final décevant) et le différend entre Stifler et Finch prend enfin une autre tournure. Quelques petites choses qui font de cette suite un honorable « American Pie ». On aurait aimé plus fun mais enfin on s’en contente bien aidé par un Jason Biggs (Jim) toujours parfait, un Eugene Levy (le père de Jim) au top, une Alyson Hannigan (Michelle) émouvante ainsi qu’un Sean William Scott (Stifler) encore et toujours détestable. On se serait passé d’un cinquième épisode mais celui-ci semble déjà lancé. Espérons qu’il constitue la vraie conclusion d’une série qui doit s’arrêter. Malgré tout le capital sympathie (et financier ?) qu’elle génère.