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Par Aymeric Engelhard

 

Ce film à sketchs réunit réalisateurs affûtés et comédiens de talent pour évoquer le thème de l’infidélité masculine. Sans tabou et avec un humour aiguisé, la bande de joyeux drilles montre un entrain d’enfer pour un sujet jugé plutôt difficile. Et comme au cinéma on peut (presque) tout se permettre, le résultat se révèle assez grisant.

 

En sévère perte de vitesse, la comédie française ne doit ses derniers mérites qu’à quelques irréductibles. « Les Intouchables » par exemple. Alors quand une bombe comique comme Jean Dujardin lance un projet de film à sketchs comme « Les Infidèles » et qu’il s’entoure de Gilles Lellouche ainsi que d’une pléiade de personnalités talentueuses, on espère une œuvre dont la qualité atteindra sans problème celle de l’immense succès de l’année dernière. A la fois comique et dramatique, « Les Infidèles » enchaîne les petites histoires avec simplicité. On passe du loser sans classe qui tente désespérément de passer la nuit avec une de ses collègues lors d’un séminaire au quadragénaire qui sort avec une adolescente et subit l’instabilité juvénile de cette dernière. Quelques scènes plus courtes encadrent ces histoires. Guillaume Canet en bobo parigot qui efface les traces d’un adultère jusqu’à lancer son chien préservatif au bec par la fenêtre, c’est rapide mais sacrément drôle. Si l’on ne retrouve pas forcément la patte des metteurs en scène en activité, aucun des sketchs ne fait tâche par rapport aux autres. Quelques longueurs sont cependant à déplorer vers le centre du film. C’était le risque avec un enchaînement comme celui-ci, centré sur un seul thème.

 

Heureusement les scénarii se révèlent explosifs, propices aux situations les plus délirantes comme les plus violentes. C’est tantôt drôle, triste, romantique, trash, irrévérencieux, vulgaire, beauf… Tout y passe. L’« Artist » Jean Dujardin, tout récemment auréolé de son succès américain (Oscar !), s’éclate comme un gamin à jouer les salopards du cœur. Couplé à un Gilles Lellouche absolument génial, ils forment le duo parfait et se voient accompagnés dans leur débauche par Alexandra Lamy, Manu Payet, Isabelle Nanty, Sandrine Kiberlain (excellente en leader de thérapie de groupe), etc. Un casting qui prend un plaisir évident et aide les deux lurons à amener le film au sommet. Par contre, techniquement, « Les Infidèles » ne mérite pas autant d’éloges. Pourtant mis en lumière par le directeur de la photographie de « Gainsbourg (Vie Héroïque) » et « The Artist », la qualité de l’image laisse à désirer (beaucoup trop de plans flous !). Dommage quand on sait que les réalisateurs sont des personnes à haute exigence telles que Michel Hazanavicius (lui aussi oscarisé pour « The Artist »), Fred Cavayé (« Pour Elle ») ou Eric Lartigau (« L’Homme qui voulait vivre sa vie »). Le fait est que l’on passe au-dessus. Lors d’un finish absolument dément où Dujardin et Lellouche ringardisent « Very Bad Trip » à Las Vegas, le verdict devient clair. « Les Infidèles » s’éclate à parler de l’infidélité. C’est pas toujours très fin, c’est nullement informatif mais le plaisir est total.