potiche.jpg
Par Aymeric Engelhard


Politique, seventies, femmes au pouvoir. Voilà les trois ingrédients de « Potiche », comédie rafraîchissante sur la prise d’importance de la femme au foyer par rapport au mari dominateur. Sympathique à bien des égards, le film se risque toutefois dans un sujet où les prises de position politiques sont finalement pas si dissimulées qu’elles n’y paraissent.

Heureusement pour lui, « Potiche » parvient à se démarquer de son sujet grâce à une mise en scène inspirée et quelques situations particulièrement comiques. Il n’en est que plus accessible. A la différence du « Nom des Gens », film avec Jacques Gamblin et Sara Forestier qui sort le 24 novembre. Ce dernier n’a d’intérêt que lors de son discours final. Sinon c’est un amas de dialogues dans lesquels seuls les partisans de gauche se retrouveront. Par ce biais, le metteur en scène prend le risque inutile de larguer une partie du public. « Potiche » évite habilement ce risque car au-delà de la politique, le film s’intéresse tout d’abord à la femme. Les années 70 marquent tout de même l’avènement de l’égalité avec les hommes tant familialement que professionnellement, la loi autorisant l’avortement ainsi que la libéralisation du divorce.

 

Le nouveau film de François Ozon s’attarde sur l’épouse d’un chef d’entreprise qui va profiter de la maladie de son mari pour prendre le contrôle et faire enfin décoller sa vie. Ici, de gauche à droite, les clichés sont de mise. Ainsi les enfants du couple sont de parfaits contraires. Le côté assumé « seventies » contribue à ce décalage kitsch jusque dans les vêtements et les décors. Le film gagne alors une identité dans son esthétique que le sujet tout seul n’aurait pu donner. Malheureusement, le réalisateur n’a pu s’empêcher de placer un ou deux « pics » qui trahissent sa prise de position. Ainsi il n’est pas rare d’entendre Luchini (fantastique et particulier comme toujours) caricaturer Nicolas Sarkozy dans un certain nombre de dialogues quand ce dernier a été comparé à Hitler quelques répliques plus tôt. Ce n’est qu’à ces moments précis qu’Ozon oublie sensiblement une impartialité qui eût été préférable. Malgré cela la qualité des échanges verbaux entre les personnages vaut incontestablement le détour.

 

Surtout que les interprètes, tous parfaits, assurent le spectacle. On retiendra alors particulièrement la magnifique Catherine Deneuve, tête d’affiche merveilleuse, qui risque bien de retrouver un succès critique comme public qu’elle avait sensiblement égaré ces dernières années. La reine du cinéma hexagonal reprend son trône en se lâchant dans le rôle de cette femme qui prend les rennes d’une vie passée à s’écraser. La « Potiche » c’est elle et les rôles ne tardent pas à s’inverser. On se délecte de l’évolution du mari ou encore de son rapport avec ce maire communiste joué par Depardieu (décidément géant). Au final, le long-métrage se révèle plus sympathique que réellement réussi mais il faut bien avouer que la mise en scène et le punch qu’offre Ozon à son œuvre sont un sacré gage de qualité. Hé ! Il n’est pas l’un des réalisateurs les plus célébrés de France pour rien…