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Par Aymeric Engelhard

Seulement cinq ans après le dernier volet de la première et très réussie trilogie, voici que sort un reboot (film qui reprend tout à zéro) des aventures de l’homme-araignée. L’idée ? On se fiche que le public ait encore les précédents films en tête et on recommence tout avec des nouveaux visages. Démarche infâme qui accouche de l’un des blockbusters les plus inutiles jamais produits tant le sentiment de déjà-vu hante sa projection.

Mais pourquoi donc reprendre à zéro une saga qui a explosé les compteurs au box-office et qui a redonné ses lettres de noblesse au film de super-héros il y a de cela moins de dix ans ? Pour une affaire de gros sous justement. Spider-Man est un héros faisant partie du catalogue Marvel, société acquise par Disney depuis quelques années. Les droits cinéma appartiennent, eux, à Columbia Pictures. C’est simple, s’ils ne voulaient pas voir leur poule aux œufs d’or filer du côté de Burbank et de la société de Mickey, les exécutifs de la Columbia devaient produire au plus vite deux nouveaux épisodes des aventures de l’homme-araignée.

Sam Raimi, réalisateur de la trilogie (2002 à 2007) ayant quitté le navire désemparé par la bêtise ambiante, les principaux acteurs ont eux aussi rendu le costume. Du coup, reboot. Nouveau metteur en scène (Marc Webb ou comment faire de celui qui sublima « 500 jours ensemble » un larbin aux ordres des studios), nouveau casting (Andrew Garfield, excellent acteur vu chez Fincher et Gilliam, endosse le costume et exit Mary-Jane, bonjour Gwen Stacy interprétée par la fade mais charmante Emma Stone) et c’est reparti pour une histoire que l’on connaît par cœur pour peu qu’on ait jeté un œil aux trop récents anciens épisodes.

La morsure de l’araignée lors d’une visite des laboratoires de l’entreprise Oscorp, l’apprentissage comique des pouvoirs, la mort de l’oncle, l’histoire d’amour impossible (même issue), le méchant d’Oscorp qui a testé un produit sur lui… Sans parler des copiés-collés (les croquis du costume, la scène d’action sur le pont de Manhattan, la scène de fin dans le cimetière). Tout cela confirmant l’écrasante inutilité de l’œuvre. Webb a déclaré vouloir s’intéresser aux parents douteux de Peter Parker. Sauf qu’il ne fait que semer quelques graines qui ne pousseront que dans la suite prévue pour 2013.

Son intention aurait pu être louable s’il avait su nous offrir du jamais-vu dans cet « Amazing… ». Restent alors des scènes d’action rondement menées, extrêmement épiques et bien foutues (malgré une 3D qui ne fonctionne pas). Le méchant n’est pas trop mal d’autant que le faire interpréter par l’excellent Rhys Ifans constitue une vraie bonne idée. Malheureusement ses motivations se voient tellement mal rendues à l’écran qu’il n’arrivera jamais à la cheville d’un Doc Octoppus.

Et c’est là l’autre gros problème du film. C’est un blockbuster terriblement basique qui ne parvient absolument pas à rendre intéressantes ses rares bonnes idées (à la grosse différence des films de Sam Raimi). Moderniser Peter Parker c’est normal et évident, sauf que maintenant c’est un ado qui passe son temps sur son i-phone et qui répond mal à son oncle et sa tante. Pas de quoi le rendre digne d’intérêt. Et dès qu’il a ses pouvoirs, il prend une belle grosse tête et bat ses ennemis à grands coups de blagues malvenues.

Merci donc à Columbia d’avoir abattu l’un des meilleurs super-héros de la planète ciné. En consolation, cela laisse le champ libre au gigantesque épilogue de la trilogie consacrée à Batman : « The Dark Knight Rises » qui lui au moins se regardera avec le cerveau bien vissé dans sa cavité et non laissé à l’entrée de la salle.