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Par Alain Vollerin

 

C’était jour de fête pour les marchands du second rideau dans cette petite Fiac. Pour conjurer un destin contraire, on avait pris des précautions hors d’usage dans notre démente société, le mot d’ordre était semblait-il : " Cache ta joie". En effet, la morosité se lisait sur tous les visages.

 

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Pas de surprises. Ni bonne, ni mauvaise. Un gros ronron qui avait endormi tout ce petit monde d’habitude si futile et belliqueux. Sauf Jacqueline et Caroline Rabouan-Moussion (photo ci-dessus) qui feront sensation avec les œuvres du russe Dimitri Tsykalov constituées de saucisses, de rôtis, de tête de veau, etc, de la viande, comme chez votre boucher préféré. Nous sommes en plein délire célinien du sang frais du jour, tout chaud sorti des abattoirs. Jacqueline et Caroline en bouchères inspirées, on n’avait pas encore vu ça. La galerie Oniris défend toujours Aurélie Nemours. Cela s’appelle de la fidélité. L’ami Jean-Claude Lahumière marche désormais avec une canne, et, c’est toute la planète de l’Art construit qui claudique. La grande horloge nous menace tous. Bernard Ceysson, le visage ouvert par un large sourire comme les clowns les plus sympathiques de l’histoire du cirque, nous a beaucoup amusés. Forcément. Mais, il démontre qu’on peut avoir été l’un des plus avisés des conservateurs de musée, et se tromper lamentablement dans le choix de ses jeunes artistes.

 

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L’art contemporain balbutie. Il tente de faire dans le sensationnel. Il n’a plus grand chose à dire. Les jeunes artistes sont souvent incultes. Ils se contentent de porter des références, de les recracher en se bavant dessus. Claude Bernard lui, était rayonnant, quelques heures après l’ouverture, il avait déjà vendu plusieurs œuvres de Ronan Barrot. Des grands formats d’un Expressionnisme contemporain qui ne dérange personne et fait très bien dans les salons mondains. Gimpel Fils (ci-dessus) est un Anglais comme dans les livres, c’est le véritable descendant de Mr Pickwick. Je l’adore. Il a toujours l’air de s’être coiffé avec un réveil sans pied. C’est formidable. Patrice Trigano promenait sa suffisance légendaire. Dans son stand rien de passionnant. On ne peut être et paraître. Faut-il déranger les lignes et les bonnes consciences des collectionneurs qui comme les artistes roupillent sur leur bonne conscience depuis bien trop longtemps ? Artparis est à cette image. On tente de se rassurer. On se cherche des raisons d’espérer. Mais, rien de bien neuf sous le soleil dont les premiers rayons traversaient le vénérable Grand Palais où les travaux sont toujours en cours.