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Photos © Saby Maviel

 

Par Agnès Guillaume

Du haut de ses 36 coquelicots, Marie Rigaud donne de la voix chaque printemps dans des lieux insolites. Pour concocter ses soirées musicales, la jeune femme fait régulièrement sa valise pour les USA. Début février, Marie avait rendez-vous avec Monsieur Al Jarreau, son coup de cœur… Elle nous a reçus dans son salon pour les ultimes préparatifs.

 

Aux mauvaises langues qui lui reprochent de se mettre en scène, le joli rossignol a le ton juste. «Effectivement, le public m’a souvent vue sur les affiches du festival, mais toujours dans une mise en scène décalée. Et cette année, je change. Pas de robe à carreaux, mais je conserve les coquelicots, une fleur que j’adore. Quant au fait que je n’hésite pas à pousser la chansonnette, il s’agit d’un clin d’œil, mais également d’un plaisir. Le chant est mon moteur dans la vie. J’ai fait le Conservatoire Régional de Lyon. Peut-être qu’avec l’âge, celui de raison (rires), je reviens tout simplement à mes premiers amours. Et puis s’exposer est aussi accepter de prendre des risques». Chanter devant un public… Marie Rigaud se délecte encore du souvenir. «En 2006, j’ai réussi à  convaincre Al Jarreau de chanter avec moi «My favorite things». Avant le concert, il avait réfléchi à cette option, mais nous n’avions rien répété. Quand je l’ai rejoint sur scène, c’était magique». Deux ans passent. Marie renoue le contact et bingo, la star accepte de revenir au Printemps de Pérouges. Et Marie de s’envoler pour Los Angeles. «Nous ne sommes pas amis, mais j’ose parler de retrouvailles suite à un contact professionnel chaleureux et personnalisé. Je suis partie enregistrer un teaser, entendez une bande annonce». Pour chaque édition, la directrice répète le scénario. «Je choisis ma victime pour qui je suis prête à faire des kilomètres (rires). 40 heures de vols pour 30 secondes. L’échelle est démesurée, mais ce type d’action un peu folle m’alimente. Sur place, je confirme, je vais avoir la pression. Tout se fait en anglais. Je ne suis pas «fluente», mais je me débrouille. Il faut revenir, coûte que coûte, avec la matière première».  

 

2009 sera la treizième édition du festival. Treize ans de bonheur et d’enthousiasme. «L’aventure est précieuse et j’ai conscience de sa fragilité. Le compteur tourne et je me sens plus sereine, apaisée même si les choses ne sont pas forcément plus faciles. Je vis mon métier comme ma vie, avec une bonne dose d’angoisse. Celle d’être accrochée à une négociation, celle de la gestion des places à vendre, celle du bouclage du budget…»

Marie voyage toujours seule : «Je suis une solitaire sociale car j’aime les gens». Elle part tous les mois et adore l’avion. «Me rendre à la zone d’embarquement reste une fête même si certains voyages sont épiques. Il y a un truc irrationnel, en peu de temps, tu te retrouves au bout du monde». Marie avoue sa manie. «Je suis une farouche adepte du hublot. Je suis prête à faire des pieds et des mains pour obtenir le sésame. Changer son billet juste avant l’embarquement est une technique qui a fait ses preuves. Tu manges alors au milieu de nulle part et tu vas de l’avant. Je ressens toujours la même émotion lorsqu’on survole la chaîne des Alpes». Pour l’exercice de la valise, Marie Rigaud semble aguerrie. «J’ai différents modèles selon la durée du séjour. Cette fois, je prends une North Face, pratique et résistante. J’aime que ça pulse. En trente minutes, l’affaire est bouclée. Je fais une liste en interne et avec l’expérience, j’ai appris le mot : inutile. Fini le temps où j’emportais des vêtements qui ne mettaient jamais le nez dehors». On remarque des basics, des jeans, des tee-shirts casual, des Converse, une tenue chic pour le soir et une paire de talons. «Je suis très fille et j’affectionne les chaussures, limite fétichiste. Elles finissent un look et donnent un style à la personne. Mais pour les transferts, j’ai définitivement opté pour les chaussures plates et confortables. Le glamour n’a pas vraiment sa place». Son kit beauté est réduit car elle préfère acheter sur place. Le téléphone a la place du roi : «Je suis addict du portable et plus encore depuis qu’il me sert de boîte mail. J’ai constamment un œil dessus. Et puis, je suis très SMS. Je trouve là une manière très émoustillante de communiquer avec certaines personnes». Fin de la confidence… Marie Rigaud s’étonne de son nouveau penchant pour les accessoires. «Depuis peu, je porte une ceinture, une broche, un foulard. En revanche, je suis de moins en moins robes et de plus en plus jeans». Le parfum anglais prend des allures de péché mignon. «Penhaligon’s est le parfumeur de la couronne et la boutique dans le vieux Londres est superbe. La fragrance que je porte est atypique et très raffinée». 

 

Cette Lyonnaise d’adoption est née à Clermont-Ferrand. L’idée du « Printemps de Pérouges » lui viendra suite à la visite de l’église forteresse de ce village médiéval en compagnie de Stéphane Cayrol. «L’acoustique du lieu m’a séduite et interpellée. Le festival a vu le jour en 1996 avec quatre dates». Pour l’édition 2009, on a retenu pêle-mêle un «come back» à la gare TGV Saint-Exupéry, des concerts chez l’habitant, un conte musical pour les enfants, le retour de Liane Foly et Al Jarreau. «J’ai une passion pour cet homme, la référence, l’ambassadeur toute catégorie de l’expression vocale. En ce qui concerne la gare TGV, j’aime ce lieu orphelin, magnifique, de Santiago Calatrava… Organiser un spectacle en son antre relève du chantier total avec une importante logistique technique et administrative». La plupart de ses voyages sont business. Une semaine au mois de juillet pour les Francofolies de Spa en Belgique où elle est membre du jury. Elle se rend régulièrement à Londres. «Je tente d’aller à la source en contournant les tourneurs français. C’est aussi la ville des comédies musicales. Je suis fan». Reste le Canada et les USA, les patries de la musique… «Je peux vous raconter un souvenir fort avec Nathalie Dessay. Je suis allée à New York chercher un « oui » pour les dix ans du festival. J’ai obtenu ma réponse positive cinq minutes avant de partir. Un intense plaisir, jubilatoire». Michael Bublé l’a également fait beaucoup voler. «Je suis partie voir son show à Las Vegas sans billet. Je sentais une possibilité. Par chance, j’ai trouvé une chambre dans l’hôtel où était logé son staff. Et incroyable, je l’ai croisé le lendemain. Finalement j’ai assisté au concert. Après deux ans de discussion, je suis partie à Seatle pour réaliser son teaser». De ses voyages, la belle ne rapporte pas seulement des sons, elle s’avoue dépensière et très attirée par les objets, surtout ceux qui ont des histoires. «Je reviens toujours avec une carte postale et une boule à neige. Je suis capable de rentrer avec des choses beaucoup plus volumineuses. Je revois encore la tête de ma mère à l’aéroport quand elle a vu la chaise à bascule. Elle était limite de me menacer de rentrer à pied…».

Le Printemps de Pérouges

Du 2 avril au 1er juillet 2009

http://www.printemspdeperouge.com/