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Par Aymeric Engelhard

 

Deux ans après l’excellent « Sweeney Todd », Tim Burton revient avec une adaptation risquée mais qui colle si bien à son univers : « Alice au Pays des Merveilles », classique de la littérature britannique. Défi relevé avec succès mais qui soulèvera les débats.

S’il y a bien un artiste parmi les artistes au cinéma c’est Tim Burton. Il a prouvé que son imagination débordante pouvait au mieux servir le 7ème art. Il a sublimé Batman (« Batman » et « Batman : Le Défi »), mis en beauté le gothique (« Edward aux Mains d’Argent » et « Sleepy Hollow ») et s’est même essayé avec panache à la comédie musicale (« Sweeney Todd »). Mais s’attaquer à un mythe littéraire tel qu’Alice au Pays des Merveilles représente un vrai défi. Burton a choisi d’adapter la suite des aventures d’Alice vues dans le dessin-animé de Disney (aussi producteur de ce film). Elle a 20 ans et sa famille veut la voir mariée avec un lord roux et hautain. Mais la force des évènements la pousse à plonger tête la première dans le terrier du lapin blanc. Le monde qu’elle croyait avoir vu en rêve, étant petite, se mue à nouveau devant elle. Alice se voit chargée de combattre le dragon de la reine de cœur pour mettre fin à son règne. Elle doit trouver l’épée qui pourfendra la bête et déjouer les plans de l’infâme reine. Le héros mène sa quête, le destin d’une terre est entre ses mains et tout se jouera lors d’une bataille finale. Ca ne vous rappelle rien ?

En effet le gros problème de ce film reste son pauvre scénario. Suivant une ligne préconçue et déjà vue, le scénariste devient très vite ultra classique. On se croirait dans « Le Monde de Narnia », « Le Roi Arthur » ou encore « Avatar ». Certaines scènes sont même grotesques ainsi que mal placées. Le constat rejoint alors celui du film de James Cameron, quand le scénario n’est pas travaillé correctement c’est déjà une bonne partie du long-métrage qui part en fumée. Mais Burton n’est pas Cameron. Il sait rendre son univers visuel fantaisiste passionnant (non pas que Pandora soit moche, bien au contraire). Le pays des merveilles s’anime devant nous avec une splendide poésie, mêlant le sombre et le coloré dans un maelstrom d’effets dévastateurs. L’aspect visuel du métrage dépasse tout ce qu’à pu mettre à l’écran le réalisateur de « Big Fish ». Son imagination s’accorde parfaitement avec l’univers de Lewis Caroll, il se permet même de rajouter différentes références à son cinéma. On regrettera alors le surplus d’effets numériques notamment et surtout sur les animaux parlants. Si le fameux chat de Cheshire et son sourire disproportionné apparaît comme particulièrement réussi, le reste du bestiaire souffre d’une animation trop flagrante pour être pleinement crédible.

Que serait alors un tel film de Tim Burton sans les inévitables musiques de Danny Elfman ? Rien en fait car ici le musicien signe une composition franchement flamboyante. Enfin on retrouve les inévitables Johnny Depp et Helena Bonham Carter, toujours fidèles au réalisateur, dans les rôles du Chapelier Fou et de la Reine de Cœur (savoureuse). La palme revient à Mia Wasikowska dans le rôle d’Alice, jeune actrice au visage angélique et innocent qui, malheureusement, souffre d’une aura psychologique trop mince. Bref, cet « Alice au Pays des Merveilles » ne fera certainement pas date dans la très ample histoire du cinéma. La faute à un scénario classique à l’extrême et de belles bêtises visuelles. Mais le plaisir est là, surpuissant, rendant la plongée dans le terrier du lapin blanc assez fascinante.