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Par Aymeric Engelhard

              

Hollywood à la sauce remake, cela donne du bon comme du moins bon. Mais quand c’est l’un des scénaristes les plus talentueux du moment qui s’y attelle, on est en droit d’attendre le meilleur. « Pour Elle » devient « Les trois prochains jours », thriller haletant mais tout de même en deçà de notre niveau d’espérance.

 

« Pour Elle » fut l’une des surprises francophones de 2008. Son metteur en scène, Fred Cavayé (de retour cette année avec « A Bout Portant »), envoyait Vincent Lindon au secours de sa femme Diane Kruger accusée de meurtre. Dans un effet papillon dont on commence franchement à se lasser, Hollywood saute dessus et met sur le coup l’un de ses scénaristes les plus en vues : Paul Haggis. Celui qui s’est illustré en remportant les Oscars du meilleur réalisateur et du meilleur scénario original avec « Collision » passe de nouveau derrière le papier et la caméra. Un remake de plus pour la Mecque du cinéma qui prouve, comme si c’était encore nécessaire, son cruel manque d’originalité… Surtout deux ans après l’œuvre originale.

 

Cependant le film a de quoi attiser la curiosité. Un bon petit thriller au suspense tendu avec Russel Crowe qui joue les sauveteurs de l’impossible, c’est carrément tentant. Pour cette nouvelle mission, l’ancien Maximus de « Gladiator » doit troquer son costume de gladiateur contre la blouse d’un professeur censé faire évader sa femme (coupable ou innocente, il s’en fiche) de prison et raccrocher sa famille brisée depuis trois ans. Pour ce faire, il va chercher quelques tuyaux auprès de Liam Neeson, écarte son pauvre fils comme il le peut et essuie un certain nombre d’imprévus plus ou moins violents. Le film évite allégrement les scènes d’action inutiles pour se concentrer sur le changement d’état psychologique de notre ami Russel. La caméra le suit dans ses galères jusqu’au moment fatidique où son instinct prend le dessus. Problème, si ses tribulations restent passionnantes la mise en scène, elle, manque indéniablement de mordant. Haggis se contente de filmer tranquillement son acteur, fait trembler la caméra dans un style très (trop) actuel et certaines scènes avec la femme et/ou le fils s’avèrent répétitives (outre une merveille d’émotion où les images prennent le pas sur les dialogues alors que Crowe doit faire une annonce déchirante à son épouse).

 

Mais la surprise arrive. Dans une haletante séquence d’évasion, le film s’envole. La mise en scène se révèle d’une efficacité redoutable dès lors qu’il s’agit de jouer la carte action. En s’inspirant quelque peu du travail de Paul Greengrass sur la trilogie « Jason Bourne », Haggis s’amuse comme un petit fou. La façon dont ses personnages parviennent à s’échapper enchaîne les surprises et les coups de théâtre, c’en est haletant, le suspense s’étire à merveille. Cela n’a toutefois rien à envier aux aventures de Jason Bourne, devenues de véritables références en matière de film d’action réaliste. Surtout que l’indécrottable Hollywood n’a pu s’empêcher de rentrer une ou deux scène(s) littéralement abusée(s) au sein d’une œuvre qui n’en avait clairement pas besoin. On y croit parce que les acteurs y croient, de l’immense Russel à la très crédible Elizabeth Banks, et parce que la musique aide aussi beaucoup. D’où l’impression d’avoir assisté à un nouveau film sans grande importance, devant lequel on passe un bon moment (saupoudré de son lot de bonnes ou mauvaises surprises) mais qui ne fera jamais date. Remake sympathique donc à défaut d’être justifié… Une fois de plus.