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Par Aymeric Engelhard

Après que l’on ait subi deux remakes foireux de « La Guerre des Boutons » la même année, voici que « Blanche-neige » se retrouve dans semblable situation. Le fameux conte des Frères Grimm fait les frais d’une guerre entre maisons de production pour deux résultats à côté de la plaque. Avec un budget supérieur et des techniciens de renom, la version qui nous intéresse ici ne parvient jamais à atteindre des cimes. Universal a laissé des dents dans la pomme.

Ce n’est pas nouveau mais à chaque fois c’est frustrant. Quand deux firmes de grande importance font l’acquisition des droits d’adaptation d’une même œuvre quasiment en même temps, c’est la foire. Dans un délire productif complétement contraire à l’art du cinéma, les deux géants scénarisent très vite, tournent encore plus rapidement et sortent ce que l’on pourrait appeler un film handicapé. L’année dernière, les deux remakes de « La Guerre des Boutons » ont presque rameuté le même nombre de spectateurs en sortant avec seulement une semaine d’écart (environ 1 500 000). Les deux « Blanche-Neige » sont bien partis pour subir un sort semblable. A moins que la différence (énorme) de budget et le quota d’actrices bankables ne joue grandement en la faveur du second, celui auquel nous nous intéressons ici. « Blanche-Neige » de Tarsem Singh était doté d’un budget de 80 millions de dollars et les cabotinages d’une Julia Roberts complétement perdue en infâme reine n’ont convaincu que 800 000 spectateurs. Pour son concurrent de ce mois, la donne est toute autre. 170 millions de dollars de budget et les présences de Kristen Stewart (superstar de la saga « Twilight »), Charlize Theron et Chris Hemsworth (« Thor » et « Avengers »). Soit un casting qui attirera surement en foule un public adolescent qui y trouvera un plaisir que l’auteur de ces lignes constate malheureusement injustifié. Car dans ce trio se dégage déjà le plus gros défaut et l’une des rares qualités du métrage. Le choix du minois de « Twilight » pour incarner la plus belle femme sur Terre s’avère ridicule de bêtise tant l’inexpressive miss Stewart nous apparaît en dessous de celle qu’elle est censée surpasser. Et le pire c’est que plus le film avance, plus elle s’embourbe dans une interprétation extrêmement navrante (on a notamment droit à un discours de motivation des troupes tellement mauvais qu’on en rigolerait presque si l’on n’avait pas commencé à somnoler dès les premiers mots). Grosse erreur de casting, tout comme mister Hemsworth qui lui ferait passer Jean-Claude Van Damme pour un acteur shakespearien. Mais en face d’eux se trouve bien la grande et belle réussite de « Blanche-Neige et le Chasseur ». Charlize Theron irradie la pellicule, parée des plus beaux costumes et jouant une méchante reine digne de ce nom. Toutes les bonnes scènes sont avec elle et les meilleures idées visuelles l’accompagnent (les corbeaux, le miroir, le bain de lait…). Comme si les soins du réalisateur débutant n’avaient été que pour ses magnifiques yeux. Simplement, la sculpturale actrice ne fait en rien oublier toutes les bêtises du long-métrage. Côté mise en scène et schéma narratif, le « Blanche-Neige » selon Universal ne constitue qu’un simple patchwork d’autres blockbusters, du « Seigneur des Anneaux » à « Alice au Pays des Merveilles » en passant par le « Robin des Bois » et « Legend » de Ridley Scott, « Le Monde de Narnia », « Princesse Mononoké » ou encore « Jeanne d’Arc ». On peut donc aisément passer à côté.