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Par Aymeric Engelhard

Plutôt que de nous attarder sur la dernière pantalonnade « dictatorienne » de Borat, un show ricain sur la grossesse blindé de stars ou encore une petite comédie française comme il y en a tant d’autres, regardons du côté de l’Indonésie. « The Raid » débarque telle une arme de destruction massive rabaissant tous les films d’action de l’année au rang de petit divertissement rapidement zappé. Ça ne vole pas haut mais ça voltige méchamment !

On se souvient de « Ong-Bak » qui avait secoué la planète ciné en 2004 avec ses combats chorégraphiés hyper impressionnants. Le film d’une violence terrible a connu un succès international que beaucoup de ses confrères thaïlandais tentent désespérément d’égaler. Impossible de ne pas comparer les ravages actuels de « The Raid » avec son aîné. Cet uppercut indonésien réalisé par un Gallois rameute tout le monde à sa cause depuis ses premières diffusions en festival. Le personnage principal ressemble à celui d’« Ong-Bak », l’avancée du scénario se fait grâce aux combats et tout est extrêmement chorégraphié dans un climat de violence imparable. Autre point commun, moins sympathique cette fois, les deux scénarios sont d’une nullité terrifiante. Celui-ci n’a en effet pas le moindre intérêt tant il se classe dans ce qu’il y a de plus basique. Une équipe d’intervention composée de jeunes recrues se voie envoyée à l’assaut d’un immeuble renfermant tous les pires malfrats d’Indonésie. Elle est menée par un flic corrompu qui veut s’attirer tous les mérites alors qu’il reste l’un des meilleurs clients du grand manitou de l’immeuble. Dès lors, et après quelques intenses fusillades bien senties, toute situation sera propice à des affrontements à mains nues ou armes blanches.

Mais « The Raid » surpasse « Ong-Bak » et détruit rapidement les comparaisons qui les rassemblent pour l’écraser à plate couture. Le personnage principal nous apparaît ici bien plus passionnant de par son ingéniosité, sa technique de combat, son histoire et la très bonne interprétation de son acteur. De plus « The Raid » enchaîne les situations désespérées, créant ainsi du suspense et impliquant donc le spectateur. Plus que jamais, on est admirateur de la façon dont les personnages s’en sortent. Le film rappelle donc parfois « Piège de Cristal » mais en reste quand même totalement éloigné. Gareth Evans se fait plaisir en décrivant les pires brutes possibles (ceux qui combattent à la machette, ceux qui jouissent du meurtre à mains nues…). Tous savent se battre parfaitement et mettent à mal le silat (art martial indonésien) du héros. Dans une musique très orientée électro, un peu clichée mais accentuant le fun procuré par le film, les protagonistes s’en mettent plein les dents au sein d’un réalisme qui nous arrache fréquemment des souffles d’effarement. Dommage alors que l’œuvre ne dépasse pas sa condition de film d’action, aussi réussi soit-il, et n’apporte rien au genre. Finalement « The Raid » ressemble à l’évolution du cinéma d’action hongkongais, les mentalités ont changé, les spectateurs en demandent toujours plus et des types comme Gareth Evans sont là pour combler le vide. On en prend plein les yeux, c’est assez virtuose (à défaut d’être beau puisque la photo est effectivement assez laide) mais notre cerveau n’en sort pas grandi. Il n’empêche qu’à la sortie, le film ne s’oublie pas de sitôt et le plaisir était au rendez-vous. Dans une année aussi pauvre en grandes œuvres, on s’en contente largement.