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Par Aymeric Engelhard

 

Pour les fans, avoir un film par an du même réalisateur est un véritable cadeau. De retour à Manhattan, qu’est devenu le cinéma de Woody Allen après ses quatre expériences européennes ? Et bien c’est l’occasion pour le metteur en scène de retrouver la verve de ses débuts. Mais Woody Allen c’est aussi un style bien particulier…

 

L’Europe a permis à Woody Allen de trouver un nouveau public, de se refaire une santé. « Match Point », « Scoop » et « Le rêve de Cassandre » lui ont fait visiter l’Angleterre, « Vicky Christina Barcelona » l’Espagne. Dans ces films les stars sont au rendez-vous (Scarlett Johansson par trois fois) et le réalisateur rajeunit sa mise en scène. Son retour à New-York se fait plus discrètement. Sans vedettes ou presque, « Whatever Works » est l’occasion de retrouver le vrai Woody Allen. Devant sa caméra, un homme, Boris, pas tout jeune, génie et philosophe. Un ronchon qui n’aime pas la vie qui se déroule devant lui mais qui fait face à la chance, au hasard et aux velléités de l’existence. L’espoir se personnifie en une jolie jeune femme à la rue qu’il recueille. Boris met alors en exergue la phrase « tant que ça marche »… Et voilà donc le leitmotiv du Woody Allen version 2009. Une femme non satisfaite de son mari trouve son bonheur en ayant deux mâles dans son lit, un homme qui n’éprouve plus de désir pour sa femme se rend compte qu’il préfère ses congénères masculins… L’espoir personnifié de Boris s’envole avec un autre homme, plus jeune. Et tout le monde est content. « Whatever Works » est un film sur le bonheur. Alors oui, c’est enjoué, bien interprété (Larry David magnifique, Evan Rachel Wood craquante), très agréable à regarder mais peut-être que Woody devrait y aller sensiblement moins fort dans l’étalage de ses convictions (rappelons qu’il a enchaîné les conquêtes féminines). Entre « Vicky Christina Barcelona » et celui-ci on a l’impression que les plans à trois sont des pratiques habituelles que le metteur en scène aime défendre… Dommage que l’on ne trouve aucun juste milieu dans ce long-métrage. Finalement on a donc la sensation d’assister à l’immoralité dans toute sa splendeur où le « tant que ça marche » (morale niaise au possible) domine. Mais « Whatever Works » ce n’est pas seulement cela. C’est aussi l’exploitation d’un personnage exceptionnel. Boris est le point fort du métrage. Ses phrases toujours bien placées, ses remarques furtives et son comportement d’énervé le rendent merveilleux. Larry David excelle et réussit à donner de l’intensité là où on ne l’attendait pas. Avec lui, la jolie Evan Rachel Wood trouve un bon rôle. Un peu godiche, elle parvient tout de même à être drôle et sensible. Enfin on ne s’attardera pas sur l’oubliable Patricia Clarkson. Pourtant bonne actrice, son rôle est réduit à celui d’une femme séductrice, avare de sexe et de folie. Vous l’aurez donc compris : un Woody Allen ne peut plaire à tout le monde. Celui-ci n’a rien de vraiment intéressant si ce n’est les cabotinages de son personnage principal.