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Après un premier film intimiste, épique et mystificateur, Steven Soderbergh achève son dyptique consacré à Ernesto Guevara avec cette deuxième partie intitulée Guerilla. Si vous avez trouvé L’Argentin long et bavard, vous n’avez encore rien vu. Guerilla atteint lui le paroxysme de l’ennui et casse les belles promesses de son aîné.

 

« L’Argentin » avait le mérite de poser des bases sûres, il y avait de la vie, la narration lente et impeccable nous mettait dans l’intimité d’une révolution cubaine qui annonçait un grand moment de cinéma. « Guerilla » se place donc juste derrière, on découvre un Guevara cherchant à se faire oublier afin de mieux préparer son grand coup : assouvir toute l’Amérique du Sud. Le Che s’attaque donc à la Bolivie pendant que Castro est bien installé à la tête de Cuba. Ainsi débute un long-métrage de deux interminables heures. Soderbergh suit la figure emblématique en faisant bouger sa caméra tel un film d’action (sauf qu’en deux heures il y a en tout et pour tout cinq minutes d’action). Il s’en éloigne un peu, le personnage tombe dans la maladie, il change d’identité… Finalement celui qui avait atteint le statut de mythe dans un premier film enrichissant s’écroule dans l’insignifiance. Seule la mort redonnera au personnage sa grandeur, vue de ses yeux, elle est rapide et bien tournée. Rare sursaut après une sieste bien entamée. Car « Guerilla » est lent, il se passe très peu de choses et Benicio Del Toro perd son aura. Bien qu’il soit une nouvelle fois excellent, l’acteur n’a plus la même présence, il en devient très peu impressionnant. Même la venue au casting de l’impeccable et charmante Franka Potente (« La Mémoire dans la Peau ») ne change pas les choses. L’aspect politique du film ne s’étend pas très loin et Fidel Castro n’a droit qu’à de brèves apparitions au début. A la base « L’Argentin » et « Guerilla » ne font qu’un long-métrage de quatre heures. A la vue de cette deuxième partie, on se demande sérieusement pourquoi le talentueux réalisateur de « Traffic » n’a pas opté pour une seule version simplifiée de deux heures trente maximum. Car là l’ennui est de mise, il n’y a aucune verve artistique. Si la mise en scène reste impeccable (bien que dénuée d’originalité), le film se perd en séquences inutiles. Séquences heureusement relevées par la musique. Celle-ci relève plusieurs fois le niveau, elle est plus osée que dans le premier épisode, elle au moins. Après avoir vu « L’Argentin » on pouvait clairement être impatient de découvrir la suite. Et bien la déception gronde et on comprend alors pourquoi le(s) film(s) n’ont reçus aucune nomination aux oscars. « Guerilla » clôt donc ce dyptique consacré au Che d’une bien mauvaise manière. Il se veut intimiste, il est finalement soporifique. Benicio Del Toro garde son talent évident mais on attendra beaucoup mieux de la part de Steven Soderbergh. Dans ce film, la mort du Che arrive comme un aboutissement. Celui se signer la fin. A vrai dire on était impatient que ça s’arrête. C’est un comble