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Par Aymeric Engelhard

 

Le filon de l’invasion extra-terrestre n’a pas l’air d’avoir dit son dernier mot au cinéma. Les comédies se font le plaisir d’y puiser de nouvelles idées comiques. Sauf que ce détournement des codes ne date pas d’hier et que ça commence franchement à sentir le réchauffé. Même avec un casting réunissant quelques-unes des meilleures figures humoristiques ricaines. Le concept devient lassant…

 

Dire qu’on attendait beaucoup du nouveau Ben Stiller est faux. Par rapport au tonitruant « Tonnerre sous les Tropiques » (made by himself) ou à l’hilarant « Dodgeball », « The Watch » (dont la traduction française laisse songeur) semblait perdu d’avance. Ce curieux mix entre « Ghostbusters », « Paul », « Super 8 » et disons… « Predator » ne brille pas par son originalité dans un genre qui en a grandement besoin.

 

En prenant les bases d’une invasion aliène, le réalisateur Akiva Schaffer nous fait en quelque sorte sa version américaine du « Gendarme et les extra-terrestres », soit un film de genre reposant exclusivement sur son casting censé faire mal aux zygomatiques. Ici, force est de constater que la pilule passe difficilement pour une raison assez édifiante : il y a deux films en un. D’un côté la comédie grasse et de l’autre le film d’action.

 

Étonnamment, Schaffer ne sait pas sur quel pied danser si bien que les deux façons de voir l’œuvre ne s’assemblent jamais. Le côté action rempli son contrat sans marquer la rétine et surprend même par une violence relativement impressionnante. Et le côté humour, principal attrait, n’atteint pas vraiment les cimes espérées.

 

Le fait est que tout est gros et gras dans « Voisins du Troisième Type ». Les blagues graveleuses écrasent tous les dialogues et les situations mettant en valeur les attributs situés en dessous de la ceinture prennent le pas sur tout le reste (jusque dans la manière d’éradiquer l’envahisseur). Évidemment l’on rit, parfois, mais le potentiel comique des trombines présentes au casting ne se voit jamais réellement utilisé.

 

Seul Jonah Hill en fils à maman fanatique des armes se révèle vraiment génial. Même Ben Stiller déçoit. Trop sérieux par rapport à ses acolytes obsédés, il fait presque tâche. On en arrive à cette conclusion terrible à laquelle on aurait aimé ne jamais songer : Ben Stiller vieillit. Ça n’a jamais été aussi évident.

 

Finalement c’est dans ses moments d’émotion qu’on en vient à le préférer. Rares et courts mais étonnamment intenses, ces quelques passages font plaisir à voir face au reste. Ils montrent une fois de plus que le réalisateur n’a vraiment pas su sur quel pied danser. Sa mise en scène d’une sagesse académique n’a réellement d’intérêt que lorsqu’elle sort de ses gonds (lors de petits ralentis bien sentis ou avec un travelling monstrueux suivant les personnages dans la maison de Jonah Hill).

 

On sent une volonté de faire un film fun (lorsque les gars s’éclatent, ce sont de véritables gamins) mais les ficelles sont beaucoup trop grosses (disons même grasses) pour que ça marche. Trop inconstant, « Voisins du Troisième Type » fait pâle figure dans la filmo des principaux concernés, on espère vraiment qu’ils sauront retrouver une seconde jeunesse.