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L’équipe du film à la Cour des Loges – Photos© Fabrice Schiff

 

 

Par Aymeric Engelhard

 

Politique, chant, spectacle, comédie et musique, voici le programme de Faubourg 36. Sous ses airs de comédie musicale, le film s’avère finalement être un drame intelligent qui vaut surtout par une mise en scène et une troupe de comédiens admirables.

 

Il y a des réalisateurs comme ça qui sortent du lot. Une bande d’anticonformistes dont l’ami Christophe Barratier fait incontestablement partie. 2004, « Les Choristes » embrasent le Box-office français, ce n’est alors que son premier long-métrage. Outre la bande originale qui s’est écoulée comme des petits pains ou Jean-Baptiste Maunier et sa belle voix, le film a montré un sens de la mise en scène inné chez le metteur en scène. C’est alors avec grand intérêt que l’on pouvait attendre la sortie de « Faubourg 36 ». Le deuxième film du cinéaste se démarque du premier dans le sens où il est plus évolué. Un travail bien plus important au niveau reconstitution (le film se déroule en 1936) où la perfection des décors et des costumes forcent le respect. Le scénario est simple : trois chômeurs décident de remettre en état le théâtre qu’ils occupaient avant en profitant de la montée en puissance du Front Populaire. Les trois personnages ont chacun leur rôle dans cette histoire, l’un tente de communiquer avec son fils enlevé par sa mère et éloigné de tout, le deuxième essaye de lancer sa carrière de comique vedette en allant voir l’ennemi politique, et le troisième incite les entreprises à la grève. La France de 1936, le monde du spectacle, etc. Un réalisme frappant, des personnages attachants et hauts en couleur, une politique intelligente, et un penchant pour la comédie musicale non désagréable, « Faubourg 36 » envoûte le spectateur dès les premières images.

 

Le film passe du monde enchanteur du spectacle au débat politique sans complexe, de la folie comique et perverse du théâtre au drame intense et violent avec maestria. Barratier balade sa caméra avec plaisir, un plaisir qui se ressent dans le sourire que l’on affiche à la sortie de la salle. Que dire de la belle bande de comédiens que nous offre le métrage ? Jugnot (malgré sa trop forte présence sur l’ensemble du paysage cinématographique français) est irremplaçable, Kad Merad est quand à lui très touchant, et Cornillac nous offre un rôle tout à la mesure de son talent (et de ses muscles…). De la belle brochette de seconds-couteaux qui vient s’ajouter aux trois interprètes principaux, on retiendra surtout la débutante Nora Arnezeder, douce, jolie, sa voix met par terre dès les premières notes de chant. C’est une révélation. Enfin, « Faubourg 36 » c’est la magie du spectacle et plus particulièrement de la musique avec la partition de Reinhardt Wagner. Souple et en accord avec l’action, la bande originale s’avère bien plus réussie que ce que l’on a l’habitude d’entendre en dans le cinéma français. Malgré tout, Faubourg 36 est bien loin d’être un chef d’œuvre. S’il se veut très réussi, il n’en reste pas moins un divertissement. La fin n’est pas vraiment en accord avec le reste et le film cache bien des défauts sous sa musique langoureuse. Mais qu’importe, « Faubourg 36 » s’impose comme un très bon long-métrage porté par une troupe de comédiens exceptionnels.