Par Aymeric Engelhard
Les deux trublions auteurs du dyptique magistral et marginal « Hyper Tension » prennent à leur compte le deuxième épisode d’une saga bien mal amorcée. En effet « Ghost Rider » premier du nom était tellement mauvais qu’il ferait passer certains navets pour des chefs d’œuvre. Du coup un défoulement des plus sévères est espéré ici. On veut du fun !
En l’an de grâce 2007, nombre de grands films arpentèrent les salles de cinéma : « Les Promesses de l’Ombre », « American Gangster », « Lettres d’Iwo Jima », etc. Mais cette année restera aussi comme celle de l’affront « Ghost Rider ». L’anti-héros le plus classe de la planète Marvel se voit jeter en pâture dans les mains d’un tâcheron qui, en 2003, s’était déjà illustré en commettant « Daredevil ». Le résultat constitue un accablant outrage envers l’idée même de mise en scène. Du coup lorsque la production annonce la mise en chantier d’un second volet avec les deux terreurs qui envoyèrent Jason Statham en pleine « Hyper Tension » psychotique et ultra jouissive, la donne se voit changée. Le duo Neveldine/Taylor est au cinéma ce que le punk est à la musique, une arme de destruction massive des codes en vigueur. Malheureusement, quand Hollywood brille en lettres d’or au-dessus d’un film, c’est que la liberté d’action peut être considérée comme proscrite. Et, au grand diable, c’est bien le cas sur « Ghost Rider : L’esprit de Vengeance ». Au sein d’un scénario dont on taira la bêtise, les réalisateurs ne mettent qu’une infime partie de leur talent. On entrevoit leur savoir-faire lors de scènes d’action étonnantes mais on voit aussi beaucoup de retenue. Malgré quelques sursauts assez intéressants, le film reste finalement très classique. C’est formaté de bout en bout. Dommage pour un personnage qui ferait passer les pires motards rebelles pour des gamins à bicyclette. D’autant que la bande-annonce mettait sévèrement en avant les éventuelles qualités explosives du métrage. Au final, la plupart des idées de mise en scène se retrouvent mal exploitées, certaines scènes sont absolument risibles (l’introduction titre, abominable) et les effets numériques frisent l’incorrect. Même Nicolas Cage, qui n’en a décidément pas marre de jouer dans n’importe quoi, se retrouve assez ridicule malgré toute la bonne volonté qu’il affiche. Toutefois si l’on parvient à déconnecter totalement notre cerveau il devient possible d’apercevoir quelques bonnes choses. Lorsque le Rider prend possession d’une grue, qu’elle s’enflamme et qu’il extermine ses adversaires avec, c’est génial. On se prend à apprécier les passages les plus débiles. Quand Cage raconte comment le Rider procède pour faire ses besoins, qu’il compare ça avec un lance-flamme et qu’en plus on assiste à la scène, c’est drôle. Mais ce ne sont que des petits pics au milieu d’un consensuel mollasson, un faux film fun flingué par des dialogues affligeants et une retenue invraisemblable. On se demande vraiment quand le Ghost Rider aura droit à son vrai film : une œuvre violente, insolente et qui défoule. Pas demain la veille apparemment.