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Par Aymeric Engelhard

 

Un biopic sur Margaret Thatcher apparaissait comme une évidence. Celle qui a tantôt subi les foudres de ses pairs, tantôt la reconnaissance en Grande-Bretagne a marqué l’Histoire. La réalisatrice a déclaré que son œuvre ne prenait aucun parti et s’appuyait sur les actes politiques de la dame de fer. Sage décision mais méfiance tout de même. Les pièges du biopic sont faciles mais curieusement rarement perceptibles par les auteurs…

 

Le cinéma britannique et Margaret Thatcher c’est une trouble histoire. Les cinéastes aimant prendre le parti de ceux qui subirent véritablement le gouvernement de la dame de fer, une tripotée d’œuvres a vu le jour montrant la détresse des travailleurs ou l’influence thatchérienne sur les jeunes. « My Beautiful Laundrette » (Stephen Frears), « Raining Stones » (Ken Loach) ou encore « Billy Elliot » (Stephen Daldry) en font partie. L’ex-Premier Ministre ne montre quasiment jamais le bout de son nez mais son influence reste certaine. Lui consacrer un biopic représente un défi. Le débat concernant ses actions persiste encore. Comment faire un film qui satisfera le plus grand nombre ? Phyllida Lloyd a tenté de répondre à cette énigme. Soyons honnête, elle n’y est pas parvenue. Elle filme une Margaret en fin de vie qui se ressasse ses grandes années. N’arrivant pas à faire le deuil d’un mari qu’elle mît trop souvent de côté, elle laisse l’émotion et les souvenirs la submerger. Difficile alors d’être réellement neutre face à une pauvre vieille bonne femme en larmes. D’ailleurs il n’est pas étonnant de constater que le début du film rappelle étrangement la mise en scène d’un certain Clint Eastwood, symbole d’émotion importante dans l’évocation d’un personnage historique. Du coup, Lloyd tombe dans le piège du biopic dès les premières minutes. Mais, étonnamment, « La Dame de Fer » marque par son caractère didactique. En évoquant la carrière politique de Thatcher, elle réussit à mettre l’accent sur ses plus importantes décisions, les meilleures comme les pires. En tant que spectateur, faire la différence est aisé. Tous les flash-backs (70% du film) se révèlent bien plus neutres que le reste. On comprend parfaitement par exemple comment « Maggie » a fait passer la pilule de la crise économique avec l’inutile guerre des Malouines. Qui plus est, de nombreuses images d’archives très largement évocatrices (voire saignantes), parsèment l’œuvre afin de l’ancrer dans la réalité. Pas très fin mais carrément efficace. La réalisatrice rend son biopic particulièrement agréable à visionner malgré ces grosses ficelles. Sa mise en scène écrase facilement celle de son précédent et navrant « Mamma Mia ! ». De plus, Meryl Streep en Margaret Thatcher c’est comme qui dirait un coup de maître. L’actrice mérite (pour une fois) tous les éloges tant elle porte le film sur ses épaules. Immense de charisme, excellente dans sa diction, Streep s’impose comme l’incarnation parfaite de la dame de fer. Du coup, comme tout bon non-anglais, notre cœur balance. Thatcher a-t-elle fait du bien en Grande-Bretagne ? Lloyd a-t-elle réussi à parler correctement de l’ex-Premier Ministre ? Le doute persiste. Reste que « La Dame de Fer », malgré ses bêtises sur le fond, reste un bon film, sympathique à regarder et grandement interprété.