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Par Aymeric Engelhard

 

Parmi les films les plus attendus de l’année, « Public Enemies » figure en tête de liste. Les années 30, l’apogée du gangstérisme, constituent le nouveau terrain de jeu de l’un des meilleurs metteurs en scène de son temps. Avec Johnny Depp en figure de proue, le film répond à toutes les attentes et vient même titiller les grands classiques du genre.

 

Des grands films sur le gangstérisme, on retiendra surtout « Il était une fois en Amérique », la trilogie « Le Parrain » ou encore « Les Incorruptibles ». Or il s’avère que depuis ceux-ci, aucun long-métrage n’a semblé atteindre un tel niveau de qualité. Mais quand le réalisateur de l’exceptionnel « Heat » se lance dans une telle aventure, cela donne « Public Ennemies », l’un des meilleurs films du cru 2009. Michael Mann rejoint les Coppola, Leone et autre De Palma pour nous livrer l’une des œuvres les plus marquantes du genre. Voilà le tableau : Etats-Unis, 1933, John Dillinger et sa bande terrorisent les banques de tous les Etats. Ils attaquent où et quand ils veulent en moins de deux minutes. Le film débute lorsque Dillinger fait évader ses complices de prison pour ensuite dépouiller de nouvelles victimes. Il fait la rencontre de Billie Frechette, l’amour de sa vie. Parallèlement se monte une équipe dont le but est de venir à bout du gangster. Elle est menée par Melvin Purvis, un fin tireur. « Public Enemies » évite la facilité du biopic car son scénario s’axe sur une partie précise de la vie de John Dillinger et dévoile les actions du bureau d’investigation dans le même temps. Peu à peu le braqueur court à sa perte, ses hommes tombent petit à petit, la fin s’approche. Fort d’une mise en scène inspirée, Michael Mann se surpasse. Il donne au film sa marque de fabrique notamment par des scènes de fusillade dont lui seul possède le secret. Comme dans « Miami Vice » et surtout « Heat » (qui recèle sûrement la plus belle fusillade de toute l’histoire du cinéma), on trouve des affrontements armés d’un réalisme foudroyant. D’où l’aspect « action » exceptionnel de « Public Enemies ». Mais il n’y a pas que cela. Le film est doté d’une réelle émotion qui prend tout son sens lorsque l’on s’approche du terme de l’histoire. Cette émotion se voit particulièrement mise en valeur dans l’interprétation de Marion Cotillard propulsée au rang de star internationale. Quid de Johnny Depp dans le rôle principal ? Et bien on ne pouvait rêver mieux. Il est John Dillinger. Un regard noir d’encre dans lequel on se noie, un sourire charmeur à tomber… L’acteur atteint une nouvelle fois le top niveau. Et quand il faut gueuler, il gueule, quand il faut pleurer, il pleure. Depp donne tout son talent indiscutable à la personnalité de Dillinger. Enfin face à lui il y a Christian Bale. Après une interprétation dénuée d’émotion dans le dernier « Terminator », le britannique retrouve tous ses moyens pour un rôle où il alterne violence et calme. Avec trois acteurs de ce calibre et une flopée de second-couteaux talentueux, « Public Enemies » gagne ses galons de film au casting de rêve. Pourtant il y a des défauts. Le montage est parfois raté, comme s’il avait été fait à la va-vite. Aussi Elliot Goldenthal paraît peu inspiré au niveau musique. Peu importe, ce « Public Enemies » là est un film sur le gangstérisme qui a sa place au panthéon du genre. Si son finish ressemble à celui du dyptique consacré à Jacques Mesrine, c’est-à-dire peu original mais éclatant, le film est quand même largement au-dessus du petit français et Johnny Depp cent fois supérieur au fade Vincent Cassel. « Public Enemies » est un sacré coup de génie.