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Par Alain Vollerin

 

Aubry, Sego, Strauss, Sarko, Woerth, au dodo. Place aux intellos : Houellebecq, d’Ormesson, Nothomb, Delbourg, Harrison, Jorion, Sapielak…

 

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La carte et le territoire / Editions de Noyelle

Michel Houellebecq a tout compris. Il est désormais son propre éditeur en association avec Flammarion. Comment lui en vouloir ? Car Michel Houellebecq est mort ainsi que son petit camarade de jeu, Frédéric Beigdbeder. Dans une France inculte, il jouait les Paul Morand, les Robert Brasillach, les Drieu La Rochelle. Ses références sont souvent liées à l’extrême-droite. Ainsi Maurice Bardèche offre son patronyme à un inspecteur de police. Il faut lire ce long texte qui pourrait bien obtenir un prix littéraire comme un testament et l’analyse du monde de l’art que Houellebecq connaît en surface comme toujours, comme tout le monde aujourd’hui dans notre société. Probable lecteur d’Art Press, visiteur de la Fiac, Houellebecq a fait de son héros un artiste de l’art contemporain composé de tout ce qu’il y a de pire dans cet univers. Le titre : La carte et le territoire évoque un courant artistique que nous avons beaucoup vu au Palais de Tokyo dans ses premières années lorsqu’il était géré par Nicolas Bourriaud et Jérôme Sans avec l’aval de notre ami, Pierre Restany. Niaisement, Houellebecq fait de son héros un peintre de cartes Michelin. Les références de Houellebecq sont en effet parfois pitoyables comme lorsqu’il décrit ce qui était considéré comme le Grand Genre sous le règne de Louis XIV. Houellebecq n’hésite pas à cartographier sa haine de la presse; Jean-Pierre Pernaud devient l’acteur d’un Outing. Marianne de l’impossible Jean-François Kahn est sévèrement épinglée ainsi que le Parisien Libéré. Lisons Houellebecq : "Comment est-ce que vous voudriez rencontrer quelqu’un qui travaille pour Marianne ou le Parisien Libéré sans être pris d’une envie de dégueuler immédiate ? La presse est quand même d’une stupidité et d’un conformisme insupportables. Vous ne trouvez-pas ?". Houellebecq  considère que l’âme de Picasso est laide, hideuse, qu’il n’a rien apporté. Quant à François Mitterrand il en fait un portrait qui nous ravit : "Il revoyait les affiches représentant la vieille momie pétainiste sur fond de clocher de village." Ce flot désespérant de mots portés par un ennui chronique est subdivisé en trois parties. Dans la dernière, Houellebecq  est assassiné avec un chien qu’il a recueilli en quittant l’Irlande pour s’installer dans le Loiret. L’enquête se traîne en longue. Nous sommes dans ce qu’il peut y avoir de pire chez Frédéric Dard dans son San Antonio; Tout à coup le nom de l’assassin surgit, Patrick Le Braouzec. Dans la réalité il s’agit d’un homme politique démissionnaire du PCF. Houellebecq a comme cela de violentes pulsions même posthumes comme vous pouvez le constater. Si vous parvenez à la fin de ce livre, vous sombrerez dans une gadoue littéraire du plus lamentable effet. Cette fois Michel Houellebecq se prend pour un grand écrivain. Il a bien raison. Nous avons appris qu’il avait la pelagre ou quelque chose d’équivalent, qu’il fréquentait les bordels, qu’il fumait, qu’il buvait. Autant de révélations qui sans doute changeront le monde, nous n’en doutons pas.

Broché. 428 p. 22€

 

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C’est une chose étrange à la fin que le monde / Robert Laffont

Sorte d’oracle contemporain parvenant au terme de sa vie, Jean D’Ormesson se souvient qu’il fut normalien et agrégé de philosophie. Il veut nous laisser un témoignage de sa vigilance intellectuelle. Il tient à se qu’on ressente qu’il a compris le fonctionnement de l’univers. Elève philosophe, il sait qu’il faut interroger, poser des questions, les plus apparemment sottes se révélant parfois les plus profondes. Jean d’Ormesson ne peut ignorer les positions et les écrits de Paul Jorion. On retrouve ici quelques-unes de ses préoccupations autour des notions de Réalité et de Vérité. Jean d’Ormesson questionne les philosophes grecs, tous ou presque, tout comme Jorion, il n’aura jamais de réponse, ce qui sépare ces deux esprits c’est que d’Ormesson sait qu’il n’y a pas de réponse. Jorion trouve dans l’usage des mathématiques des solutions rassurantes, d’Ormesson partage cette position. Séducteur, toujours en désir de plaire, particulièrement aux jeunes générations, d’Ormesson se coupe ici du grand public peu pressé de réfléchir aux raisons de la présence de l’homme sur la terre, et surtout à son inéluctable mort. L’ouvrage est construit un peu à la manière des tragédies grecques avec un chœur et un coryphée, qui devient tour à tour le Vieux, Dieu, et même un démiurge, d’Ormesson lui-même.

Broché. 313 p. 21€

 

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Une forme de vie / Albin Michel

Amélie Nothomb fait un roman de plus. Un matin nous dit-elle, je reçus une lettre d’un genre nouveau. On ne voit pas lequel. Le sujet lui est intéressant. C’est l’histoire d’un échange de courrier entre Melvin Mappele et Amélie Nothomb dont il a lu l’œuvre, lui qui est soldat en Irak. Rapidement il se plaint de son obésité. Il dit qu’il a pris cent kilos depuis qu’il est arrivé ici pour chasser Saddam. Amélie l’écoute et peu à peu partage son angoisse profitant de cette occasion pour dire l’horreur de la présence de l’armée américaine. On croit au malheur de cette masse de chair. Sa description nous fait penser à une sculpture contemporaine d’Ashley Bickerton de 1993 que nous avions vue au Palais de Tokyo en 2005. Un énorme paquet de gélatine qui ressemblait encore vaguement à un humain. Le discours de l’artiste était clair, celui d’Amélie l’est un peu moins. Tout à coup le militaire se tait. Amélie entreprend des recherches pour le retrouver, elle découvre l’existence de son frère Howard qui est bien soldat à Bagdad. Je vous laisse découvrir la fin de l’histoire.

Broché. 169 p. 15,90€

 

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L’Homme aux lacets défaits / Le Cherche Midi

J’ai longtemps écouté sur France Culture Les Papous dans la tête et Les Décraqués, avec Cueco, Patrice Minet, etc. J’ai toujours passé là, de très agréables moments. Mais du Delbourg à haute dose tout au long d’un roman, c’est autre chose. Quoi de pire qu’un humoriste, un disciple de Raymond Queneau, qui devient au long de 204 pages, un pénible donneur de leçons. Le héros se nomme Lucien Gaulard, et sa vraie vie est tellement plus passionnante que ce qu’en fait Patrice Delbourg au bout de sa loghorrée, de plus Patrice Delbourg vieillit. Il se répète lamentablement comme un de ces très vieux personnages de la bourgeoisie ou de l’Académie qu’il méprise. Ses mots trop bien choisis sont autant de petits coups de marteau qui heurteront votre cerveau et vous donneront envie de fuir. Delbourg fait du Delbourg. Il sombre même parfois dans une vulgarité qui le déshonore. Déjà vieux canasson des lettres, il mériterait d’être delbouré.

Broché. 15€

 

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Les jeux de la nuit / Flammarion

Le dernier livre de Jim Harrison né en 1937 dans le Michigan. Ses romans sont toujours très attendus et par toutes les générations, il a publié plus de 25 livres. Ce recueil de trois nouvelles est aussi saisissant que le célèbre Légendes d’automne. Trois destins tragiques au cœur de la nature rude du Montana. La quête de rédemption de ces personnages solitaires est exprimée avec un style qui justifie son statut de maître de la littérature américaine contemporaine et tout particulièrement de la nouvelle dans la littérature américaine contemporaine. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Brice Matthieussent. N’oublions pas de lire ou de relire les nouvelles de Flannery O/Connor, prodigieuse écrivain d’origine irlandaise, les romans et nouvelles de Carson McCullers, si poignants, les chroniques de Joan Didion, Richard Wright et William Faulkner, etc. La littérature américaine reste puissante et passionnante. Un petit aperçu : "1986. Elle était née bizarre, du moins le croyait-elle. Ses parents avaient mis de la glace dans son âme, ce qui n’avait rien d’exceptionnel. Quand tout allait bien, cette glace semblait fondre un peu, mais quand tout allait mal, la glace gagnait du terrain." 

Broché. 336 p. 14,5 x 22 cm. 21€

 

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Comment la vérité et la réalité furent inventées / Editions Gallimard

Dans la prestigieuse Bibliothèque des Sciences Humaines par l’économiste et anthropologue Paul Jorion que j’ai entendu récemment à la radio. Très convaincu, il réclamait des transformations fondamentales de notre système social. Lorsqu’on lui demanda de proposer des solutions. Il proposa de multiplier les salaires par 3 ou 4 pour bien évidemment relancer le pouvoir d’achat des consommateurs et tirer la croissance vers le haut. Quand on connaît l’insatiable appétit de bénéfice du moindre entrepreneur en ce bas monde économique, on ne peut être qu’inquiet par les pieux vœux de Paul Jorion. Mais d’abord il faudrait convaincre;Et comment toucher la cible lorsqu’on emploie un langage inaccessible? Paul Jorion qui fréquente Platon, Aristote, Hégel est intarissable sur des sujets qui nous dépassent comme la revanche de Pythagore ou le lamentable suicide D’Alan.Turing (1912-1954), mathématicien anglais, ancêtre de l’informatique. Si vous faites l’acquisition de cet ouvrage, vous serez confrontés à des formules mathématiques, vous croiserez le nom de Kline. Ah la délicieuse sensation de se trouver en pays de connaissance, Franz Kline, Pas du tout, M. Kline, encore un as des mathématiques. En résumé, sachez que Paul Jorion analyse les notions de vérité et de réalité (objective). Sachez encore que pour lui, la "vérité" est née dans la Grèce du IVe siècle avant JC et la "réalité objective" dans l’Europe du XVIe siècle. Nous voulons bien le croire, puisqu’il le dit. Tiens donc, le vrai serait humain et le réel aussi. Nous sommes rassurés. Mais en avançant vers le moment ultime, nous pensons à l’ami Einstein, à sa théorie du trou noir. Quel est notre rapport au temps? Nous avons du mal à bien saisir de ce que contiennent les notions de vérité et de réalité de Paul Jorion. Nous ressentons une volonté d’accumuler des arguments pour combattre un système qui a définitivement révélé ses incohérences et ses limites. Quant à la vérité et à la réalité, nous attendons son prochain ouvrage pour en saisir le devenir.

Broché. 384 p. 26€

 

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L’école de la honte / Editions Don Quichotte

La bête noire des enfants. L’angoisse des parents. Le cauchemar des serviteurs de l’état par Emilie Sapielak, professeur de français certifié, neo-titulaire, sans poste fixe, remplaçante exerçant au collège dans une banlieue au nord-est de Paris. Au sein de l’Education Nationale son expérience se limita à trois ans. Il faut absolument lire ce témoignage qui en dit long sur l’état de notre société. Imaginez des enfants qui préfèrent déféquer dans les poubelles des WC. Le proviseur, une dame rigoureuse décide de les supprimer et d’interdire les sorties de classe pour surveiller les fautifs. Des exemples comme celui-ci ce livre en contient des quantités. La journée est infernale pour Emilie perdue entre ses idéaux et cette sinistre réalité qui dit bien la désertion, l’abandon du pouvoir politique. La société française vit la plus épouvantable période depuis la première République. Il est bien évident qu’un enseignant ne peut résoudre les problèmes qu’il rencontre, il faudrait repenser l’Education Nationale, comme il faudra un jour refonder l’ensemble de notre univers. Emilie avoue naïvement qu’elle fit cinq fautes d’orthographe à l’IUFM pendant un contrôle de connaissances. Cinq de trop à notre humble avis. Pour servir d’exemple, il faut être soi-même au niveau. Nous vous recommandons vivement la lecture de ce terrible constat.

Broché. 283 p. 18€

 

Les meilleurs vins de France 2011 / La Revue du vin de France

Les auteurs : Olivier Poussier, meilleur sommelier du monde (2000), Antoine Gerbelle, Olivier Poels, rédacteur en chef adjoint de la revue Les Vins de France, Philippe Morange, dégustateur professionnel, Jean-Emmanuel Simond, Roberto Petronio, photographe. Chacun avait en charge plusieurs regions; Olivier Poussier s’occupa de l’Alsace, du Beaujolais, de la Bourgogne du Sud et du Jura Savoie, Philippe Morange des Bordeaux et de la Provence-Corse. Chaque domaine est recompensé par des étoiles. Une étoile pour les producteurs de vins de haute qualité sur de beaux terroirs, deux étoiles pour les producteurs de très grands vins dans les meilleurs crus et trois étoiles pour les vins exceptionnels et uniquement sur les plus grands terroirs. Parmi ces derniers : Albermann (Alsace), Château Palmer (Bordeaux) et le Domaine Tempier (Provence). 1300 domaines sont références et 7530 vins notes, commentés, classés par prix et couleurs. Plus de 50 conseils pratiques pour acheter, conserver et bien servir ces vins. Chaque région fait l’objet d’une sélection des meilleurs hôtels, chambres d’hôtes et restaurants. Signalons que le domaine Denis Mortet en Bourgogne a perdu sa 3e étoile. Sanctionné il y a deux ans Le Château Haut-Brion retrouve sa 3e étoile. Si nous apprécions la présence de Jean-Paul Dubost, nous sommes surpris de la dureté de la notation de son Régnié 2009. Nous connaissons bien son Brouilly Vieilles Vignes et son Moulin-à-vent, que nous considérons de très haute qualité. Les rédacteurs de ce guide sont tous membres du Comité de dégustation de La revue du vin de France.

Relié. 21,5 x 12,7 cm. 703 p. 25€18€