inception
Par Aymeric Engelhard

 

Le blockbuster le plus attendu de l’été arrive enfin sur les écrans. Et c’est avec une écrasante domination à tous points de vue qu’il balaye tout ce qui a été vu auparavant cette année (sauf « Enter the Void »). Le film nous plonge dans un univers hors du commun mais ultra réaliste avec pour terrain de jeu les rêves.

Hollywood sombre chaque jour un peu plus dans la bêtise. Qu’on se le dise, les blockbusters des années 2000 sont les démonstrations d’une profonde débilité et d’un manque consternant d’originalité. Entre remakes souvent faiblards et adaptations calibrées pour le plus grand public, la Mecque du cinéma n’a d’yeux que pour le fric ! Et, évidemment, la populace allaite hypocritement. On critique « Transformers » mais au final le film cartonne démesurément. Du coup le mot « blockbuster » a perdu toute valeur. Ce terme renvoie à l’énorme budget d’un film, son immense maison de production, ses acteurs célèbres, ses superbes effets spéciaux ainsi que sa campagne de promotion implacable. En aucun cas, il signifie scénario simpliste et action frénétique. La plus belle démonstration du blockbuster intelligent nous renvoie à nos moutons : « Inception ». Déjà en 2008, Christopher Nolan avait frappé très fort avec « The Dark Knight », sommet du film de super-héros scénarisé de main de maître. Cette année il revient avec ce projet dantesque, un mélange entre film de braquage et « Matrix », une plongée dans les méandres de l’esprit avec une bande de têtes brulées qui se baladent dans les rêves.

Dévoiler l’intrigue serait une erreur fatale tant le scénario aligne les surprises. Tout ce que l’on peut dire c’est que le terme « inception » fait référence au principe d’implanter une idée dans l’esprit d’un individu. En cas de réussite, tout devient possible, même le crime parfait… C’est le défi que se lance Dom Cobb (Leonardo DiCaprio) et son équipe. Le film débute avec une démonstration fulgurante des voyages inter-rêves (avec le principe du rêve dans le rêve). Puis le rythme s’affaiblit, peut-être même trop car pendant un bon moment c’est en explications que l’œuvre devient avare. De plus, il s’agit d’être extrêmement attentif car aucun dialogue n’est inutile. C’est là surement l’étape la moins habile du film, surtout qu’au final les interprétations apparaissent diverses. Mais la suite prend une tournure monumentale. Un enchaînement d’action impressionnant. Visuellement, « Inception » s’envole et sans obligatoirement forcer sur le numérique. Ainsi, comparé aux autres blockbusters actuels, le métrage utilise cinq fois moins d’effets numériques. C’est alors avec fascination que l’on découvre des scènes monumentales telles que ce combat dans un couloir d’hôtel mouvant où Joseph Gordon-Levitt est envoyé de tous les côtés avant de se retrouver en apesanteur. Le rythme devient écrasant, haletant. Intelligemment, Nolan place deux ou trois légères pointes d’humour entre les scènes permettant ainsi au spectateur médusé de respirer.

On pourrait partir très loin en interprétations après une telle œuvre. Cela rappelle évidemment les films de David Lynch où il n’y a pas qu’une solution à toutes les questions. Et puis il semble que l’aura de « Matrix » plane quand même de façon importante sur « Inception ». Disons alors qu’il a plusieurs niveaux de lecture. D’autant plus que le plan final a de quoi laisser bouche bée. Il n’y a plus qu’à féliciter les acteurs et actrices tous impeccables (comme toujours chez Nolan, le casting est extrêmement judicieux) ainsi que le mythique Hans Zimmer qui signe une partition musicale tonitruante, grave et apocalyptique. Ils ont eu cette faculté de comprendre un scénario ultra original et d’y croire pleinement. Tout ceci renvoie à la faculté d’un metteur en scène plus que jamais au sommet de casser Hollywood avec des films qui resteront indéniablement dans la postérité. Après « The Dark Knight », « Inception » constitue le nouveau monument de Christopher Nolan.