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Par Aymeric Engelhard

 

« Avatar » confirme-t-il le grand retour de James Cameron dans l’antre du cinéma ? Oui, assurément. Est-ce, comme annoncé, une véritable révolution technologique ? Oui, clairement. « Avatar » serait-il le fameux chef d’œuvre attendu ? Heu…

 

James Cameron est un enfant. Il s’amuse comme un petit fou à retourner l’industrie du cinéma à chaque film. « Terminator » constitue un palier important de la science-fiction et sa suite est considérée comme un chef d’œuvre aussi bien technique qu’artistique. « Aliens, le retour » a contribué en force à la saga dont il est le deuxième épisode et « Titanic » reste le plus grand succès de tous les temps en salle. Mais sa dernière révolution date bien de « Terminator 2 », véritable feu d’artifice technique qui allumait le monde des effets spéciaux en 1991. Puis, après avoir récolté onze oscars avec son paquebot, le réalisateur ne s’est plus montré. Une petite pause ? La bonne blague. L’homme a passé dix ans sur l’œuvre qui mettra sens dessus dessous tout ce qui a été vu jusqu’aujourd’hui.

Comment s’y est-il pris ? Il a tout simplement créé une nouvelle façon de filmer de véritables acteurs dans un monde et un corps imaginaires. Elle permet de voir le résultat quasi instantanément sur ordinateur et surtout de capter les émotions des comédiens. Ce que l’on appelle la « motion capture » (capture de mouvements) n’est pas nouveau mais poussée à ce point là, ça tient de l’exploit. Ainsi les acteurs évoluent dans une autre planète à la faune et flore majestueuses. Et grâce à une 3D magistralement utilisée, nous sommes littéralement embarqués dans ce voyage. Nous suivons l’armée américaine dans sa conquête d’une planète nommée Pandora afin d’y trouver une ressource. Mais les indigènes présents ne sont pas vraiment d’accord. La ressemblance avec le conflit irakien flagrante, Cameron n’hésite à blinder son film de références, du scribouillard avide au colonel musclé. Mais celui qui nous intéresse s’appelle Jake Sully, ancien marine invalide des deux jambes. Il prend la place de son frère jumeau décédé dans le programme Avatar qui permet aux soldats de prendre le corps d’un Na’vi, soit un habitant de la planète afin de les infiltrer.

Les premières vues des vaisseaux flottant dans l’espace intersidéral donnent des frissons, la première incursion sur Pandora laisse rêveur. Un monde sublime, coloré et habité des plus étranges créatures. Des plus féroces aux plus poétiques. On découvre les Na’vis, grands bipèdes bleus et puissants. Les effets spéciaux font tomber de haut, jamais ils n’auront été si proches de la réalité. Force est de constater que même les plus improbables monstres paraissent plus vrais que nature. Oubliés les effets numériques visibles, ici tout est parfait, tout est grandiose. Cameron la tient, sa révolution. Il nous envoie des combats aériens monstrueux, des explosions phénoménales et surtout des excursions inoubliables sur ce nouveau temple fantasmagorique qu’est Pandora. On aimerait ne jamais en voir la fin, conséquence de 2h40 de spectacle jouissif au possible passant à une vitesse hallucinante. Le problème c’est que le film ne dépasse jamais son statut de divertissement.

« Avatar » n’atteindra pas le statut tant voulu de chef d’œuvre. Pourquoi ? Et bien parce que les effets spéciaux et les belles images ne font pas tout. Et Cameron n’est pas un artiste, c’est un fou de technique qui semble ne s’être pas foulé pour son scénario. Il écrit une histoire très simple où tout est prévisible. La bande-annonce le laissait présager, la confirmation ne fait que plus mal. Aucune surprise, aucun rebondissement au sein d’une aventure où tout est cousu de fil blanc. Ce qu’on imagine arrive, on voit venir les actions plus d’une heure avant leur déroulement. Triste réalité qui baisse considérablement la note générale du film. C’est dommage car cela affecte aussi certains dialogues et actions de personnages divers. Pas de suspense donc dans un film qui méritait indéniablement un meilleur traitement scénaristique. Heureusement les acteurs son géniaux. Sam Worthington confirme, Sigourney Weaver nous fait l’honneur de son retour et Stephen Lang est diabolique en méchant colonel. Mais aussi incroyable que cela puisse paraître, l’immense point fort de ce casting revient à une femme dont le visage humain n’est pas dévoilé puisqu’il s’agit d’une Na’vi. Cameron réussit le pari de rendre le personnage incarné par Zoe Saldana plus émouvant et attachant que les humains. On ira jusqu’à la trouver charmante. Doux exploit dont on ne peut que saluer l’accomplissement total.

« Avatar » c’est donc une claque monumentale visuellement qui signe un nouveau palier dans l’histoire du cinéma. Une nouvelle ère commence où l’on espère seulement que les effets spéciaux ne seront tout de même pas le seul intérêt. Alors si vous ne voulez pas le regretter, jetez-vous les yeux vissés de lunettes 3D sur cette œuvre phare, signe de changement technologique. Bien que totalement imparfait, ce film vous scotchera et vous ne voudrez plus jamais quitter Pandora.