les lyonnais.jpg
Par Aymeric Engelhard

 

Présenté en avant-première spéciale dans toute la région Rhône-Alpes, « Les Lyonnais » envahit les salles obscures de la ville qui a accueilli son tournage une semaine avant les autres. L’occasion de rencontrer l’équipe mais aussi de se faire une opinion avant tout le monde sur celui que l’on présente comme LE film de gangster français du moment.

 

Étonnamment, en tant qu’ancien policier ayant vu des choses pas très douces et en tant que réalisateur dont la noirceur des films ferait pâlir les plus endurcis, Olivier Marchal se révèle être un homme très jovial et toujours enclin à défendre ses œuvres avec passion. C’est donc avec plaisir que le metteur en scène s’est présenté ce mercredi 23 novembre à l’UGC Ciné Cité de Lyon pour présenter en avant-première nationale (le film sort une semaine en avance en Rhône-Alpes) son nouveau bébé, « Les Lyonnais », reprenant l’histoire du célèbre Gang des Lyonnais. Tournée majoritairement dans la capitale des Gaules, l’œuvre prend place dans deux époques, les années 70, où l’âge d’or du gang, et aujourd’hui. Alors que Serge (magnifique Tchéky Karyo), l’un des anciens membres connaît des démêlés avec la justice mais aussi d’autres gangsters sanguinaires, ses ex-« frères d’armes » tentent de l’aider. Mais cela ne fait que ranimer les vieilles dettes (d’où les flash-backs) et les morts commencent à pleuvoir. Momon (excellent Gérard Lanvin) ne sait peut-être pas tout sur celui qu’il considère encore comme son frère…

 

Marchal s’est donc présenté devant le public visiblement ravi d’être là, lançant quelques pics envers l’accueil bien plus maussade des Parisiens, accompagné par le scénariste Edgar Marie, Tchéky Karyo et une grande partie des acteurs interprétant le gang durant les seventies. Apparemment contents du film, les invités n’ont pas hésité à vanter le « cœur » des personnages qu’ils incarnent à l’écran, et à vrai dire on ne peut que leur donner raison. L’idée de la loyauté étant sans cesse rabâchée, récurrentes sont les preuves d’amour entre les Lyonnais. On reprend ici le grand principe du gangster. La loyauté est bien présente mais il faut parfois choisir en quelle personne la confier. Cela passe par des meurtres. Et vu le scénario, les affrontements armés ne sont guère rares. Mais, comme l’a déclaré Olivier Marchal, on en vient à l’aimer cette bande de vieux briscards. Le réalisateur maîtrise sa mise en scène de bout en bout, bien inspiré par Corneau ou le cinéma mafieux américain. Toutefois dès qu’il s’agit d’être violent et noir, il parvient à se détacher de ses illustres prédécesseurs avec aisance.

 

On lui reprochera cependant d’en faire toujours trop lors des scènes d’émotion, rajoutant sans cesse un thème musical larmoyant pas très habile. Aussi son film semble accuser d’un montage contemporain qui lui ôte toute réelle personnalité et qui charcute littéralement certaines scènes (la psychologie s’en retrouve grande victime). Résultat : ces « Lyonnais » apparaissent un peu trop lisses, donnant au film une superficialité inattendue et franchement décevante. LE film lyonnais du moment se révèle au final tel un pétard mouillé, jamais rasoir, fulgurant dès qu’il y a des coups de feu, mais clairement en dessous de toutes les espérances.