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Par Aymeric Engelhard

 

Quand trois ados font la soirée du siècle, cela donne « Projet X ». Au programme : du rap, des filles, de l’alcool, de la drogue, du feu et un chien. Un film qui se noie dans ses promesses mais qui donne quand même une extraordinaire envie de faire la fête. Absolument imparfait, dévoré par les facilités et les clichés mais terriblement contagieux.

 

Vous avez dû remarquer que l’une des modes actuelles consiste à faire des films qui se veulent le plus possible ancrés dans la réalité. La méthode la plus utilisée est le « found-footage » (littéralement « métrage trouvé »). En clair, le distributeur simule le fait que les rushs de son film ont été découverts, qu’ils relatent un événement incontrôlé et tellement « réel » que cela ne peut exister au cinéma traditionnel. Evidemment tout est faux, c’est purement marketing. Au pays de l’horreur, c’est même devenu monnaie courante depuis « Cannibal Holocaust » (1980) et surtout « Le Projet Blair Witch » (1999). Malheureusement, c’est un style de plus en plus mal utilisé, en témoigne l’ignoble saga « Paranormal Activity » qui n’en finit plus de polluer le paysage cinématographique. Dans le cas présent, la technique sert à ancrer la soirée de trois losers rejetés du lycée qui se retrouvent à faire la plus extraordinaire party de tous les temps. Alors qu’ils pensaient être cinq ou six, ce n’est pas moins de 1500 à 2000 personnes qui investissent la maison, le jardin, la piscine et même tout le quartier du jeune Thomas Kub. Et plus les minutes avancent, plus les catastrophes abondent. Une voiture finit dans la piscine, un faux nain plein d’ecstasy explose et contente tout le monde, un vrai nain se retrouve dans le four, un furieux armé d’un lance-flamme détruit tout sur son passage… Et au-delà de ça, c’est la fête absolue. L’alcool coule à flot, les filles se déhanchent sur la pelouse comme sur des genoux masculins, la police se voit même impuissante.

 

L’idée de mise en scène c’est donc qu’un cadreur se balade dans la soirée afin de recueillir les meilleures images. Mais sont prises aussi toutes les vidéos venant d’I-phones ou autres moyens d’immortalisation (un hélicoptère de la télévision vient survoler la scène, ses rushs sont aussi dans le film). Cela fonctionne à merveille. Le problème étant qu’on y croit souvent moyennement. Paradoxalement si la soirée est hors de contrôle, le scénario du film est horriblement scripté. Tout y passe, des parents qui appellent pour savoir si tout va bien au voisin qui se plaint parce que son bébé ne peut dormir. Tout est bon pour créer des pauses au sein d’une fête que l’on rêverait interminable. C’est irritant. L’autre problème étant que « Projet X » constitue un énorme cliché sur pellicule. Parmi les invités mâles il y a les beaux gosses, les losers et les blacks. Chez les femmes, ce sont toutes des tops modèles avides de sexe. L’énorme cliché générationnel américain. « Projet X » ne rassurera certainement pas les parents. Coup de gueule pour Costa, l’un des personnages principaux (celui que l’on nommera entre deux nausées le comique de la bande), qui révèle son potentiel comique salace et navrant dès les premières secondes. C’est certainement le personnage le plus débile et mauvais que le cinéma ait pu nous offrir en ce début d’année. Mais étrangement à l’arrivée du générique, les immenses défauts qui pullulent çà et là sont en retrait par rapport au sentiment de manque qui nous gagne. C’est que même si cela finit par détruire tout le quartier (10 minutes absolument phénoménales dans le métrage), on rêverait de l’avoir vécu ce « Projet X ». Objectif atteint.