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Par Aymeric Engelhard

 

Cette comédie française met à l’honneur l’univers de la radio. Une toile de fond pour traiter de rapports humains explosifs, d’une bande de parisiens à la vie facile se retrouvant à errer sur les routes de France loin de tout confort moral. Un sujet battu et rabattu mais traité avec humour. Une comédie facile mais sympathique.

 

Le film de radio pourrait être presque considéré comme un sous-genre au cinéma. De « Good Morning Vietnam » à « The Boat that Rocked », les ondes radiophoniques ont bien souvent vibré dans les salles obscures. Et puis il ne faut pas oublier qu’avant de raconter des histoires par le biais de l’image filmée, on le faisait à la radio. Comme une grande partie de la population écoute la radio tous les jours, l’envers du décor apparaît forcément fascinant. Est-ce que les loubards que l’on entend tous les matins commenter avec humour (ou pas) les informations sont réellement des types sympathiques ? Que se passe-t-il vraiment derrière les micros ? C’est un peu ce qu’a voulu montrer Romain Lévy. Il met en scène les vedettes d’une matinale radiophonique qui prennent la grosse tête au point de perdre leur audience. Leur patron les envoie donc sur les routes de France afin de récupérer les quelques millions d’auditeurs perdus. Cela va constituer l’occasion pour eux de se découvrir loin de Paris, d’apprendre à s’écouter autrement qu’avec un casque. Le réalisateur, ancien de la radio, en a eu assez d’écrire pour les autres. « C’est la loterie », dit-il. Et surtout cela donne « Coursier » (immense navet avec Mickael Youn). C’est donc en toute logique que le bonhomme troque le stylo contre le mégaphone. « J’aime le cinéma de genre […] On manque de road-movies en France », lance-t-il avec raison. Des idées de mise en scène, il en a beaucoup et les multiplie allègrement créant un climat joyeux et pour le moins grisant. Chacun des personnages possède une personnalité propre et un caractère bien trempé, la plupart des gags proviennent de ces particularités. « Les personnages ont été créés et certaines situations découlent de leur création » dixit le metteur en scène. D’ailleurs tous les comédiens se sont sentis très concernés, il y a eu beaucoup d’affinités entre eux. Manu Payet qui a travaillé une dizaine d’années pour une station commente : « A la radio, la délocalisation arrive souvent ». Selon lui la situation du film est très crédible. Clovis « Clovillac » Cornillac a, quant à lui, trouvé le script génial : « Je n’ai jamais lu ça ! ». Cependant on reprochera à ce dernier de dépeindre un homme particulièrement agaçant car constamment sur les nerfs et passant le plus clair de son temps à hurler. Le film, auréolé du Grand Prix lors du Festival de l’Alpe d’Huez, offre un moment fort sympathique. « Il a la grâce de son audace » comme dirait l’acteur Pascal Demolon. Malheureusement, ses facilités l’accablent et son finish par exemple sent mauvais le réchauffé. Certaines situations sonnent faux par rapport à l’ensemble. C’est le risque lorsque l’on veut faire un film « proche des attentes des spectateurs ». Toutefois on ne reniera en rien le bon moment passé avec cette bande de bras cassés. « Radiostars » ne fera pas date et constitue même un sous « The Boat that Rocked » mais comparé aux autres comédies françaises sorties depuis le début de l’année, c’est presque un chef d’œuvre.