robin-des-bois
Par Aymeric Engelhard


L’époque médiévale fait de moins en moins parler d’elle au cinéma. Mais quand un metteur en scène aussi gigantesque que Ridley Scott s’attaque au genre, c’est forcément explosif. De plus, il revient sur la légende du hors-la-loi avant que celui-ci ne devienne le grand adversaire du fameux shérif de Nottingham…


Depuis l’annonce du tournage de cette nouvelle version de « Robin des Bois », la tendance est à le comparer avec « Gladiator ». Pourquoi ? Et bien uniquement à cause de la présence de Ridley Scott et Russel Crowe au générique. Aussi, parce qu’il s’agit d’un film en costume. Mais sinon aucun rapport ! Et une fois le film vu, encore moins ! Ici Crowe incarne non pas un général devenu esclave défiant l’Empire romain mais un archer de Richard Cœur de Lion qui déserte pour ensuite défendre Nottingham et l’Angleterre face à un royaume de France vengeur. Cœur de Lion passe l’arme à gauche, Jean le naïf prend sa place avec toute la cruauté qu’on lui connaissait déjà chez Disney. Scott reprend les bons vieux codes moyenâgeux. Ecritures calligraphiques, attaques de châteaux forts, familles royales douteuses, trahisons, violence… Tout y passe avec plus ou moins de temps consacré. Cela empêche parfois le scénario d’être réellement passionnant, certaines choses se voient survolées à défaut d’être véritablement traitées. Seul problème important au sein d’une œuvre puissante et spectaculaire.

Très cliché, le début du film nous propulse rapidement dans un Moyen-âge crasseux, sombre et guerrier. L’assaut d’un fort français par les troupes anglaises de retour de croisades. Les flèches volent, l’huile brulante coule sur les flancs du château, les cris des guerriers retentissent… Puis il faut attendre la fin du film pour retrouver un nouvel affrontement aussi homérique. L’armée du Roi Philippe de France débarque (tels les américains en 1944) avec l’infâme Godefroy sur les rives britanniques. Le combat fait rage. On aurait juste aimé qu’il soit plus long. S’il y a bien une chose de sûre, c’est que Ridley Scott sait filmer les combats (bien qu’ils soient nettement moins violents que dans « Gladiator » ou « Kingdom of Heaven »). Que serait la légende de Robin des Bois sans la love story avec Marianne ? Rien en fait et c’est ainsi que la belle (Cate Blanchett, très naturelle) se retrouve propulsée dans ce contexte guerrier. Les choses se voient relativement bien amenées jusqu’au « Je vous aime » lâché avec souplesse par ce gredin de Robin. Simple, jamais niaise, la romance ne vient pas casser un scénario bien mince malgré son intelligence. En réalité, au-delà du personnage impeccable campé par Russel Crowe, c’est dans les « méchants » que l’on trouvera des « gueules » exceptionnelles. Oscar Isaac décrit à merveille toute la bêtise du nouveau Roi Jean (Prince Jean chez Disney) et surtout Mark Strong dans le rôle de Godefroy, bad-guy par excellence. Depuis le début de l’année, c’est la troisième fois qu’il donne tout son immense talent à un personnage diabolique (avec « Sherlock Holmes » et « Kick-Ass »).

Sans pour autant approcher des coups de maître tels que « Blade Runner », « Gladiator » et « American Gangster », cette nouvelle version de « Robin des Bois » s’insère tout de même avec honneur dans la filmographie du grand Ridley Scott. Russel Crowe interprète le héros avec classe et humour. Inévitablement ce film abat sans forcer la version très « nineties » avec Kevin Costner (alors en mode superstar). Robin, « Je vous aime » !