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Par Aymeric Engelhard


Depuis sa création en 2004, Facebook est rapidement devenu un phénomène hors du commun. Ce réseau social a envahi Internet et possède désormais plus de 500 millions d’utilisateurs à travers le monde. Normal qu’Hollywood s’y intéresse. Mais n’était-ce pas un peu tôt pour sortir un tel film ? Le sujet méritait-il un traitement cinématographique ? Eléments de réponse.


Ce n’est un secret pour personne. Facebook a un impact particulièrement conséquent sur la vie sociale actuelle, chaque utilisateur s’en sert régulièrement pour (re)nouer des contacts, discuter, offrir sa vie en pâture à ses « amis ». Est-ce dangereux ? Morale ? Utile ? C’est très clairement discutable. Mais il n’empêche qu’avec plus de 17 millions d’inscrits rien qu’en France, on peut indéniablement parler de phénomène. Un phénomène qui ne s’est pas construit tout seul et surtout qui n’a pas évolué sans sacrifice ni trahison. C’est là-dessus que « The Social Network » se base. A travers deux procès imbriqués, le film aligne en flash-back les témoignages de ceux qui ont traîné Zuckerberg en justice. Procédé peu original et légèrement brouillon au départ mais heureusement rattrapé par un montage qui se révèle au final particulièrement habile. Il faut dire que derrière la caméra, li n’a pas n’importe qui. Nominé aux Oscars en 2009 pour son « Etrange Histoire de Benjamin Button », David Fincher n’est pas ce que l’on pourrait appeler un « petit » à Hollywood. Machiavélique à la direction de « Seven » et terriblement original avec « Fight Club », Fincher paraissait curieusement loin de se retrouver à la tête d’un film de commande sans stars tel que « The Social Network ». Promesses financières ou artistiques ont du lui être proposées. A vrai dire si l’on peut trouver l’idée d’un film sur Facebook peu attirante, le nom de son réalisateur a le mérite de l’être, lui. Et heureusement qu’il est là. Car si le scénario apparaît bien ficelé et intelligemment brodé, il prend le risque de devenir rapidement barbant. La faute à cette bande de geeks qui balancent tout un vocabulaire informatique proprement délirant ou encore à tout l’aspect économico-administratif du film. C’est l’évolution d’un « empire » qui se mue devant nous mais une telle histoire peut facilement laisser sur le carreau.


C’est là que Fincher intervient. Foisonnant d’idées, jouant à fond sur les techniques de cinéma les plus épatantes, abusant de plans somptueux, le réalisateur parvient à sublimer son sujet. Quelques scènes risquent de vous décoller la rétine d’effarement (notamment une scène à l’apparence surréaliste de course d’aviron absolument démentielle au son d’un « In the Hall of the Mountain King » remixé). Vient alors s’ajouter à la mise en scène, un univers sonore extraordinaire. L’autre idée lumineuse du film reste celle d’avoir engager Trent Reznor pour la bande-originale. Le leader du groupe de rock industriel « Nine Inch Nails » créé une musique unique qui donne à « The Social Network » une identité propre, une plongée quasiment psychédélique légèrement électro. Une bombe. Alors voilà, ce fameux film basé sur la création et surtout l’évolution de Facebook parvient donc à briller de façon magistrale grâce à une mise en scène monumentale et une musique incroyable. On peut aussi clairement dire que les acteurs sont au top niveau. Ce sont indéniablement les grands points forts d’une œuvre impitoyable, réussie mais vraiment discutable.