01.jpg

Par Aymeric Engelhard

 

Un jeune réalisateur qui signe son premier film, un célèbre comique dans un premier rôle dramatique digne de ce nom, c’est le temps des grandes espérances en cette fin d’année riche en attentes cinématographiques. Face aux grosses productions américaines de noël, les Français font-ils le poids ? Peu évident.

 

Pour son premier film, Nicolas Brossette a choisi de décrire la rencontre puis l’amitié qui naîtra entre Marc Bajau, commercial peu souriant, et Lucas, un jeune métis abandonné par sa mère. Alors qu’il doit rejoindre le sud de la France afin de confier le garçon à un certain papa Clément, Marc va apprendre à connaître les gens et notamment un retraité étrange en pleine dépression ainsi qu’une jeune femme errante. Les quatre personnes en viendront presque à former une petite famille, chacun ayant son importance vis à vis des autres. Anciennement destiné à jouer la comédie, Brossette s’est vu rattrapé par un certain désir de contrôle sur les tournages. S’il a choisi de travailler sur la famille, c’est essentiellement parce que la sienne l’a accompagné dans ses projets. « La famille est le socle de ce que l’individu devient » dixit le metteur en scène. Ainsi l’on comprend que chaque personnage du film évoluera au contact des autres. C’est loin d’être original mais ça fonctionne parfaitement. Le réalisateur n’en fait jamais trop. Malheureusement, on pourrait aisément dire qu’il n’en fait pas assez non plus. Son film se perd dans un classicisme profond peu aidé par une linéarité sans fin. Pour autant on peut mettre à son crédit le choix étonnant et ambitieux de Franck Dubosc dans le rôle principal. Il a voulu « exploiter une sensibilité présente sans ses autres films mais pas forcément visible. » Enfin un rôle dramatique pour celui qui n’a de cesse de jouer les gentils bêtas même pas drôles.

 

L’acteur se défend par ailleurs en signifiant que Marc Bajau lui ressemble plus que n’importe lequel de ses autres rôles. « C’est plus reposant », convient-il. Dubosc s’en sort d’ailleurs plutôt bien, il apparaît suffisamment crédible. Il déclare même commencer « à en avoir marre de se cacher derrière des personnages qui lui sont trop lointains dans la vie courante ». Bonne idée ! Espérons que l’expérience sur « 10 Jours en Or » lui soit bénéfique. Avec la charmante Marie Kremer, il apparaît comme la vraie réussite du casting. Etonnamment, c’est à l’immense Claude Rich que revient la palme du plus mauvais interprète. Alors que le réalisateur tente de créer la compassion envers son personnage, Rich apparaît plus comme une sorte de psychopathe tout droit sorti d’un film d’horreur. La fin, heureusement, changera la donne mais c’est un peu tard. Enfin celui qui a vraiment impressionné l’équipe du film (« c’était un vrai acteur ! », affirment Nicolas Brossette et Franck Dubosc), le jeune Mathis Touré, se révèle loin des espérances, faisant preuve d’une inexpressivité exaspérante. Il personnifie relativement bien l’œuvre dans son ensemble. Pas assez creusée, peu attrayante mais gentille. Ces « 10 Jours » n’offrent guère de moments en or, malheureusement