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Photo © Fabrice Schiff


Propos recueillis par Adeline Grégoire

 

Elle a grandi dans la région lyonnaise avant d’exploser sur la scène française. À l’occasion de son concert au Ninkasi KAO, la chanteuse d’origine franco-italienne revient sur son parcours et nous dévoile ses projets de scène et de cœur.

 

Avez-vous déjà donné un concert au KAO ? Aimez-vous cette salle ?

Je n’ai jamais fait le Ninkasi donc je suis contente de le faire pour la première fois. J’ai déjà fait le transbordeur, la Halle Tony Garnier avec Diam’s à l’époque, et il y a pas longtemps j’ai fait la 1ere partie de Rihanna aussi à la Halle. Mais c’est vrai que le KAO c’est plus petit, plus intime, et c’est ce que j’adore. Ce sont mes salles préférées, vraiment. Plus c’est petit, plus je vois mon public et plus on s’éclate en général. Donc je suis très contente de faire le Ninkasi.

 

Allez-vous interpréter seulement les titres de votre nouvel album sorti en décembre 2009 ?

Je suis entrain de préparer le show avec Diam’s, qui m’aide un peu. Donc je vais interpréter essentiellement le nouvel album et tous les tubes du 1er, plus quelques reprises. Il y aura aussi des surprises sur scène. On prépare un super show avec des titres connus mélangés à mes propres titres et pleins d’autres choses.

 

Dans votre 1er album « A fleur de toi », on ressent une très forte tristesse, témoignages de blessures au cœur. Toutes vos chansons sont le reflet de votre vie, pourquoi ce besoin d’écrire toutes vos peines et vos angoisses dans vos chansons ?  

On me l’a souvent demandé et sincèrement je n’écris jamais en me posant la question. Je ne me dis jamais qu’il faut que j’écrive, c’est pour ça que je mets du temps à écrire mes albums. Et mon 1er album je l’ai surement écrit pour, quelque part, me libérer mais sans vraiment m’en rendre compte. J’avais besoin de parler, ce sont mes histoires qui sortaient sur papier et en écrivant je ne me rendais pas compte. Je me souviens, quand j’ai terminé le titre « A fleur de toi », c’était la situation dans laquelle je vivais depuis 1 an ½ et je me suis dit ça sort comme ça. Tout le 1er album s’est passé ainsi. Il y a même des titres aujourd’hui que je réécoute et où je me dis qu’ils sont des constats de ma vie. Pour moi, l’écriture est quelque chose de super spontané. Je déteste avoir des délais ou un impératif. Je ne choisis jamais les thèmes, je ne me dis jamais « tiens il faut que j’écrive un texte sur ça ». J’écris et souvent – c’est quelque chose que je vis en ce moment – un bouleversement, un truc qui m’a marqué, une expérience… c’est toujours comme ça. Et après, oui, quelque part ça me soigne de mes blessures.

 

Qu’est-ce qui a changé dans le 2e album ? Il est encore plus introspectif ? Quels sont les thèmes ?

Disons qu’il y a une vraie évolution musicale parce que je voulais un album plus pointu musicalement. Je me suis entouré de compositeurs un peu plus Hip-hop, je pense notamment à Skalp, à Blazar. C’est pour ça qu’il y a des sonorités différentes du premier, qui était vraiment entre R’n’B et variété. Après, dans les thèmes, je reste le personnage principal de cet album, et tout tourne autour de moi. Mais c’est quand même plus un constat sur ce que je vois, sur le monde qui m’entoure, mes ambitions de femme, la femme que je deviens. Le premier album était essentiellement centré sur mes histoires d’amour, et dans ce nouvel album il y a aussi mon histoire d’amour du moment mais aussi mon regard sur le monde. Il traite aussi de mes angoisses, de la mort, de tout ce qui se passe autour de moi. Et c’est vraiment le sujet de mes réflexions de femme de 27 ans. Il est beaucoup plus introspectif oui, plus dans la réflexion, et moins centré sur moi et mes problèmes mais plus sur ce que je vois autour de moi.

 

Parlez-nous un peu du titre « une fille pas comme les autres ». Pourquoi l’avoir choisi comme premier single ?

C’était vraiment un choix de ma part d’arriver avec ce titre super différent de ce que les gens attendaient de moi. Dans un premier temps, le thème qui est un clin d’œil au genre de fille qui fait peur aux garçons, qui traite de mon côté super indépendante, mon côté femme qui a des délires de garçons, la moto, qui aime les voitures de sports, qui aime faire des trucs un peu fous que toutes les nanas ne font pas. C’est mon quotidien et on n’avait pas réussi à mettre ça en avant sur le premier album, pourtant c’est l’un des traits de caractère que tous mes amis connaissent. C’est pour moi une façon marrante d’arriver avec ça, et de montrer aux gens que je suis une fille super sensible mais que je suis aussi une fille super indépendante, qui fait peur aux garçons parce que j’ai mis super longtemps à trouver l’homme de ma vie. Après le concept Up tempo, un peu House, c’est mon compositeur lyonnais Mounir, qui m’a proposé d’essayer un titre comme ça parce que les gens ne s’attendaient vraiment pas à ça.

 

Quels est-le titre que vous aimez le plus sur votre album ? Pourquoi seulement 1 featuring ?

C’est super dur parce que ça change tout le temps. Quand on enregistrait l’album tous les deux jours, ça changeait. Et là, en ce moment, je suis un peu en train de réécouter l’album avec du recul, et je dirai que c’est « la grande reine », le titre le plus intimiste de l’album, c’est celui dont j’ai le plus de mal à parler. Pour le thème, pour la production que je trouve incroyable c’est peut-être le titre le plus beau de l’album. Déjà moi je me suis construite à travers les featuring, c’est-à-dire que j’étais la petite nana qui faisait tous les feat, j’ai fait que ça pendant un temps, j’étais choriste à l’époque.

 

Vous allez vous marier, c’est une belle revanche sur les hommes qui vous ont fait souffrir ?

Je vais me marier peut-être, en tout cas je suis fiancée. C’est une belle revanche sur mon passé. Comme je le disais, j’ai mis du temps à trouver un homme bien, j’en ai beaucoup parlé dans mes textes. Pour moi, c’était important de mener ma carrière mais d’avancer aussi dans ma vie de femme. J’ai toujours dit que ça serait un drame pour moi d’arriver à 30 ans et de ne pas avoir d’enfants, de ne pas être mariée. Et j’avais l’impression de prendre ce chemin-là. J’en parle dans le titre « Celui qui te bercera ». J’ai un désir d’avoir des enfants depuis des années. Je suis entourée de mes meilleures amies, qui ont le même âge que moi et qui avancent dans leur vie de femmes et moi à côté j’étais seule, avec d’accord une carrière qui avance mais ce n’est pas tout. Après «  A fleur de toi », je me suis retrouvée avec des disques d’or, de platines, un peu d’argent et toujours seule. Et à un moment donné, c’est ce que j’explique dans « faire un tour », tu te retrouves seule et tu te dis : « A quoi bon tout ça si tu es seule pour le partager ! » C’était important pour moi d’avancer dans ce sens-là. Ça va beaucoup mieux, et si Dieu le veut cela aboutira peut-être à un mariage.

 

Êtes-vous toujours aussi proche de Diam’s malgré son mariage et sa conversion à l’Islam ?

Oui, parce qu’on ne choisit pas ses amis par rapport à leur religion, selon moi en tous cas. Et Mélanie est une très bonne amie à moi. Je dirai même que cela nous a rapproché. Elle a fait ses choix, et ils la rendent heureuse et font son équilibre donc moi en tant qu’amie je ne peux qu’approuver et être contente pour elle. Mais je suis consciente que ça peut choquer les gens qui sont passés de Diams à une fille qui affiche ses convictions religieuses. Après à partir du moment où ça la rend heureuse et qu’elle ne désire pas en parler et bien ce n’est pas à moi d’en parler. Mais je suis contente pour elle en tout cas.

 

La dernière fois que vous êtes venue à Lyon publiquement, c’était pour faire la 1ere partie du concert de Rihanna à la Halle Tony Garnier. Qu’avez-vous ressenti lors de cette première partie ? Qu’en avez-vous pensé ?

Franchement, j’étais vraiment complètement flippée quand on m’a annoncé que j’allais faire la première partie de Rihanna. Mon manager m’a dit : c’est un truc de fou, fais-le. Je lui ai dit : non, ce n’est pas bien, j’ai peur. Vraiment au début j’avais peur, je ne voulais pas le faire. Mais il m’a dit : « mais tu es folle, tout le monde veut le faire ». Donc j’ai dit oui. Et franchement c’était quelque chose d’incroyable, c’est-à-dire que les 3 dates, grâce à mon tour live nation qui m’a mise sur cette première partie, parce qu’en général les Américains ont leur propre première partie, nimporte qui ne peut pas le faire et j’ai eu une chance incroyable, sont passées tellement vite, j’aurais voulu faire 10 dates. Parce que les gens m’ont fait un accueil de dingue, ce n’est pas mon public, j’avais peur. Je me suis dit qu’ils n’étaient pas là pour moi, j’arrive avec mes titres mais si ça se trouve, ils n’ont pas envie de te voir. Et c’était super vraiment. Avec Diam’s, on avait mis en place un show basé surtout sur les filles, et ça tombait bien parce que qu’il y avait presque que des filles. Je me suis éclatée, j’ai passé 30 minutes par soir à m’éclater et ce n’était que du bonheur. Je suis très heureuse d’avoir pu vivre cette expérience. Malheureusement je n’ai pas pu rencontrer Rihanna, je l’ai juste croisée. Mais j’aurais au moins aimé la saluer, mais c’était ultra compliqué ; personne ne devait lui parler, même pas son équipe.

 

Ayant grandi à Lyon, vous y vivez encore ?

J’ai toute ma famille à Lyon, tous mes proches, en campagne lyonnaise. À l’époque, j’avais pris un appartement vers la Part Dieu, c’est là que j’ai écrit mon 1er album. À chaque fois que j’arrive à la gare, je vois mon petit appartement de l’époque et ça me fait bizarre. Je l’ai mis dans mon DVD d’ailleurs. Ensuite j’ai déménagé, c’est vrai que je me suis installée il y a 2 ans maintenant. J’ai acheté un appartement en campagne lyonnaise parce que c’était important pour moi de m’installer près de mes proches. Je ne me suis jamais sentie bien à Paris, et j’aime ma ville. Je ne pourrai pas m’installer à Paris, j’y suis que quand je fais des promos, je fais les allers-retours. Mais dès que j’ai voulu acheter, je savais que j’allais acheter à Lyon.

 

Quels sont les endroits où vous préférez manger, vous détendre, sortir, faire du shopping ?

Il y a plein d’endroits ! Mais par contre moi je ne sors pas en boite, je suis très restaurant. J’adore le Verdi, j’y étais le week-end dernier, pour l’anniversaire de mon chéri. J’aime bien le Ness, tous les bouchons du Vieux Lyon. J’adore ce quartier, je trouve que c’est trop mignon. J’aime aussi beaucoup St Just parce que c’est mon quartier de lycéenne. J’adore l’amphithéâtre. Je rêverai de faire un concert dans l’amphithéâtre, pour les nuits de Fourvière. Ce sont des endroits que je trouve magiques. Après pour le shopping, j’aime beaucoup la rue Victor Hugo, la rue Edouard Herriot. Mais sinon en boutiques de vêtements, je ne suis pas figée. Il y a des boutiques de luxe qui sont sympas, mais je vais un peu de partout.

 

Quels sont vos projets extérieurs à votre nouvel album ?

Alors, il y a les 3 dates de concert que je vais faire, à la Cigale à Paris, à Lyon au Ninkasi et à Marseille au Poste à Galène . Je fais beaucoup de concerts à l’étranger en ce moment. Je pars à Madagascar vendredi, je fais l’Algérie cet été. Et puis peut-être quelques dates à la rentrée, on est en train de réfléchir. Et je commence déjà à réfléchir au 3eme album, l’écriture et voilà.

 

Le cinéma vous attire-t-il ?

On m’a souvent posé la question et bizarrement non. Moi je n’y ai jamais pensé, parce que d’abord ce n’est pas mon métier, je suis chanteuse, auteur, compositeur. C’est ce que j’aime faire, c’est ma passion. Mais on m’en a beaucoup parlé par rapport à mes clips. C’est vrai que je prends beaucoup de temps à écrire les synopsis de mes clips. Et dans mes clips, ce sont mes histoires donc c’est facile à jouer. Mais sincèrement je n’y ai jamais vraiment pensé.

 

Vitaa en concert à Lyon le 27 juin 2010 à 19h

Ninkasi Kao

267, Rue Marcel Mérieux – Lyon 7

Tarif : 20,00 €