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Photos © Jean-Luc Mège

 

De notre envoyé spécial Marc Polisson

 

Le Dakar 2009 est parti à la découverte d’un continent qui offre des possibilités illimitées aux amateurs de grands espaces. Un nouveau défi de taille pour le patron de GL Events, numéro un mondial de l’événementiel. Une fois les fêtes de Noël passées en famille, Olivier Ginon a embarqué avec ses amis pour l’Amérique du Sud, où se tenait la 30ème édition de ce rallye mythique. Parispeople a vécu en live une semaine de cette folle aventure.

 

Le soleil se couche sur la Serena quand le camion d’assistance de l’équipe MD Rallye fait son entrée sur le bivouac en remorquant le proto Nissan n°428. Celui d’Olivier Ginon et de Pascal Giraud. C’est sur la Panaméricaine reliant Valparaiso à la station balnéaire chilienne que le moteur est passé à travers. Alors même que le duo avait terminé dans les temps la spéciale de cette 8ème étape. Un incident qui conclut une semaine épique pour le fougueux patron de GL Events. Le leader mondial de l’évènementiel habitué à tout gagner depuis trente ans contraint à l’abandon sur casse mécanique ! La pilule est dure à avaler. Entouré de ses amis pilotes toujours dans l’aventure, Olivier Ginon fait contre mauvaise fortune bon cœur. « Ma femme Jacotte est encore plus déçue que moi ! » souligne-t-il avant de retourner une énième fois à sa voiture, espérant un miracle de la part des mécanos du team. Mais rien à faire, le bloc moteur est trop endommagé pour être réparé. « J’espère que notre ange gardien est derrière nous ! » avait-il pourtant glissé le matin même à son copilote Pascal Giraud. On est désormais certains que les dits anges ont fait craquer les cours de mécanique dispensés au paradis !… La tignasse en bataille et le cœur à l’envers, telle est à cet instant l’image inédite qu’offre le PDG de GL Events. Sûr que ça doit cogner à l’intérieur. « Je ne reviendrai pas sur le Dakar ! » me souffle-t-il, l’esprit ailleurs. Vidé et sonné, Olivier n’en trouve pas moins l’énergie d’organiser un apéro pour tout le team. Vins chiliens et français, rosette et jambon fumé. Comme ses espoirs d’arriver à Buenos Aires. Autour de la table ont pris place ses potes qu’il a entraînés dans cette incroyable aventure. Au sein du Team Ansa, on retrouve son copilote Pascal Giraud, « artisan industriel » de 50 ans, « une crème » selon son entourage. Le coach de l’équipe n’est autre que Jérôme Rivière, 54 ans et 20 participations au Dakar associé à Dominique de Charry (50 ans) sur le springbox n°424, ainsi que le duo Guy Bouche Paul Crepet, 21 ans et benjamin de l’équipe avec le dossard 429. Discrète mais efficace, Jacqueline Ginon assure l’assistance médicale. Vous l’aurez compris, Olivier Ginon est venu assouvir sa passion entre amis. Entre deux rondelles de saucisson, Pascal Giraud se montre philosophe. « Tous les gens qui font le Dakar jurent qu’ils ne reviendront jamais. Et vous les retrouvez systématiquement l’année suivante… » Sociologue à ses heures, il assure « redécouvrir sur le rallye les besoins primaires de l’homme ! » Tout ce petit monde s’emploie à garder le sourire malgré l’abandon de leur chef naturel qui signe l’échec de leur objectif initial : arriver groupés à Buenos Aires. Les anecdotes de Jérôme Rivière comme le faux vol de la Peugeot 405 T16 de Vatanen à Bamako en 1988, ou les avatars des concurrentes du Rallye des gazelles régalent l’assistance. Les torpilles de son copilote aussi : « Quand il prend un devers, c’est toujours de mon côté ! » rigole Dominique de Charry. Mais c’est Guy Bouche, 35 rallyes africains au compteur, qui remporte haut la main la palme de la bonne humeur. Le « professeur de dunes » qui a fait toute sa carrière chez Mercedes a un langage des plus fleuris. Et de raconter leur « sauvetage » par un local venu les sortir de l’ornière ou sa rencontre inattendue avec un photographe amateur : « Je m’arrête pour pisser et voilà t’y pas qu’un Chilien me prend en photo avec le perchoir à cigognes ! » Fous-rires garantis.

 

Comment en sont-ils tous arrivés là, sous le soleil chilien, à plusieurs milliers de kilomètres de leurs pénates ? L’aventure a démarré dans leur tête il y a six mois lors d’une discussion de potes en Haute-Loire, dans le fief d’Olivier Ginon qui y organise chaque année un trophée 4X4. Baptisée le rallye de la Gargouille, du nom de la discothèque du Chambon sur Lignon où avec nombre de ses amis il a usé les semelles de ses mocassins à pompons, cette épreuve amicale a réuni 18 véhicules lors de sa dernière édition. « Allez, cette année pour nos cinquante ans, on fait le Dakar en Argentine ! » avait lancé à la cantonade le PDG de GL Events. De la boutade au désert argentin, le patron a enclenché le compte à rebours. Accord avec l’écurie MD Rallye qui a fourni les trois machines, essais privés en Normandie, coach sportif, bicyclette (et pas uniquement d’appartement), il a mis toutes les chances de son côté avec pour objectif de boucler l’épreuve de rallye raid la plus dure du monde. Il n’en est pas à son coup d’essai. Rallyes de l’Atlas, Tunisie… celui qui a hissé son entreprise au sommet a avalé autant de couleuvres que de sable ces dernières années. Mais il ne se doutait pas que celles du Dakar 2009 allaient lui rester en travers de la gorge. Quand nous le retrouvons au bivouac de La Serena ce 8 janvier, Olivier Ginon a plus d’une semaine de course dans les pattes. Le réveillon de Buenos Aires est loin mais le patron de GL Events s’est réveillé avec la gueule de bois. Les trois premières étapes en sol argentin ont été hard et interminables sur des pistes dévastées par les ornières de plusieurs centaines de concurrents dont les camions ravageurs. Arrivée sur le bivouac à 3h du matin avec 700 kilomètres de poussière avalés dans la journée pour repartir à 7h, pas besoin de vous faire un dessin. En langage électroménager, ça correspond à 20h dans une machine à laver ! Les galères techniques (3 embrayages, 3 courroies d’alternateur, 1 pompe à eau avant la casse moteur) ont immanquablement généré des galères physiques. Associé à des conditions de vie et d’hygiène plutôt spartiates (je vous épargnerai la scène de la tente, des toilettes et des douches), l’aventure tient alors plus du cauchemar que du rêve des débuts. Mais les compensations sont immenses à l’image des espaces traversés. Paysages sublimes, décors grandioses et moral de guerrier, Olivier tient le choc. Encaisse les coups. Les heures à attendre son assistance en plein désert. La réparation express synonyme de délivrance jusqu’à la prochaine casse et ainsi de suite. « Il a une volonté d’acier, c’est un sanglier ! » confirme son coach Jérôme Rivière qui a roulé avec lui pendant les 8 premiers jours. Jacqueline Ginon, le doc du team, partage la passion de son  mari pour le 4X4. « Je l’avais déjà suivi sur le rallye de l’Atlas, c’est un milieu que j’aime bien ! » assure-t-elle. Etait-ce la dernière fois ? « Il va bien falloir que je les fasse ces dunes ! » lui a confié sous la tente Olivier, le lendemain de son abandon. De ce premier Dakar, elle retiendra avant tout le départ de Buenos Aires où 500 000 Argentins les ont acclamés sur le parcours et la traversée de la cordillère des Andes à 4800 m d’altitude. Ces images resteront également gravées sous le casque d’Olivier qui juge la compétition « d’une exigence sportive et technique telle qu’elle oblige à se surpasser en permanence ! » Le patron de GL sera-t-il sur la ligne de départ au Brésil l’an prochain ? Réponse dans les premiers jours de l’été.  

 

 

La projection diapos, c’est maintenant !