le-choc-des-titans
Par Aymeric Engelhard

 

Quand on donne plein de moyens et un sujet de folie à un réalisateur qui a des qualités à revendre, cela ne donne pas forcément une réussite. En témoigne ce « Choc des Titans », chef d’œuvre au pays des navets, qui a su nous aguicher avec sa bande-annonce mais qui confirme qu’il ne faut pas se fier aux apparences.

Ah ! On y a cru ! Bravo Warner Bros et sa promo chaque jour plus forte. Bravo pour cette bande-annonce ultra explosive qui nous en met plein la vue. Enfin bravo au casting super attirant. Le Français Louis Letterier avait pourtant fait un boulot correct sur « L’Incroyable Hulk » en 2008. Mais ici il semble que le talent du bonhomme (formé sous la houlette de Luc Besson… et ça se voit) soit fortement remis en cause. A vrai dire, son « Choc des Titans » fait une entrée magistrale au royaume du navet sur pellicule, de la bouse filmique, de la bêtise artistique même. Letterier ne peut alors que se flatter d’avoir réussi dans un genre que l’on ne voit plus au cinéma depuis belle lurette : le nanar, le mauvais film drôle malgré lui. Sur 1h47, son deuxième long-métrage hollywoodien contient si peu de bonnes choses que l’on se doit de rire une fois le générique venu. Unique moment d’émotion. « Le Choc des Titans » constitue le remake d’une œuvre culte des années 80 qui voit Persée passer de simple pêcheur à guerrier puis à demi-dieu (sans changements psychologiques…). Les dieux menacent les mortels et ceux-ci trouvent en Persée leur sauveur pour massacrer de l’olympien. La Grèce antique est en émoi, les créatures mythologiques fusent… Hadès, Zeus, Méduse, les Moires, Andromède… Mythes et légendes se voient mélangés dans une quête qui aurait pu s’avérer plausible si elle avait été mieux traitée.

Car en 1h47, Letterier fait le strict minimum. Seules les scènes d’action semblent avoir été relativement réfléchies. On a droit à 20 minutes de combat face à des scorpions géants peu crédibles, un affrontement particulièrement moyen avec la reine des Gorgones, et autres séquences uniquement bonnes à en mettre plein la vue. Sauf que le résultat s’avère bien loin des espérances. Les effets spéciaux franchement en dessous par rapport aux capacités actuelles empêchent d’y croire pleinement et la mise en scène ultra rapide n’aide pas non plus. Letterier use d’un montage à la « Transformers » qui a la particularité d’être trop brouillon pour suivre attentivement l’action. Si encore on pouvait se rattraper sur la séquence finale face à l’immense kraken (seule créature réellement impressionnante avec le dieu Hadès). Mais elle est si vite emballée qu’elle ne change rien au résultat. Le vrai problème dans cette entreprise ratée concerne ce qu’il y a entre les scènes d’action, un vide, un néant total sur lequel plane l’ombre grandissante du ridicule. A grands coups de répliques (futures) cultes au pays du navet et de tentatives d’humour débiles, « Le Choc des Titans » fait rapidement pâle figure. Que dire alors des personnages qui sont si mal traités… La psychologie n’existe pas chez Louis Letterier visiblement. Aucune évolution chez Persée qui, pourtant, passe de pêcheur à demi-dieu en quelques secondes. De plus, le choix de l’inexpressif Sam Worthington pour le rôle n’améliore clairement pas les choses. Il y a une amourette avec Io (jouée par Gemma Arterton, actrice très jolie mais à la ramasse) qui est mise à l’écran avec si peu de volonté que l’on n’y croit jamais… A l’image du film, calamiteux de bout en bout (il y a bien quelques remontées de temps à autre mais c’est tellement faible…).

« Le Choc des Titans » a le mérite d’être directement bien placé en tant que moins bon film de l’année. Pour nous autres français c’est la catastrophe, l’ami Letterier creuse sa tombe, on ne sera pas là pour le pleurer. Son choc annoncé peut désormais se faire appeler « Le Flop des Titans » !