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Par Aymeric Engelhard

 

Disney n’avait pas sorti de film d’animation depuis le trop sage « Winnie l’Ourson ». C’est tout logiquement que le studio choisit Noël afin de lâcher sa nouvelle bête de compétition. Une bête quelque peu malade, mais toutefois intelligente dans sa reprise de l’univers des jeux-vidéos. Un concurrent de choix face aux « Cinq Légendes » de Dreamworks.

 

Le jeu-vidéo au cinéma c’est depuis toujours une sacrée arnaque. Autant, du côté des consoles, on sait reprendre les recettes cinématographiques qui renforceront l’immersion, mais côté salles obscures c’est la cata. Plutôt que d’adapter un titre célèbre et se vautrer comme ses prédécesseurs, le géant Disney rassemble une flopée de personnages et d’univers pour les mettre au service d’une histoire totalement fictive.

 

Une stratégie intelligente qui évite de décevoir une fois de plus les hordes de fans geeks du monde entier, et qui peut même au contraire les attirer en masse. Comme Dreamworks la semaine dernière qui avait sorti son « Avengers » des légendes enfantines, Disney joue la carte du futur succès évident. Avec toutefois beaucoup plus de réflexions et de créativité.

 

Le scénario met en avant un méchant de jeu-vidéo qui en a assez de sa condition et désire lui aussi être heureux, avoir des amis et remporter des succès. Lorsque les machines d’arcade sont éteintes, il doit se contenter d’un lit de brique pendant que les « gentils » du jeu font la fête tous ensemble. Des envies d’échappatoire se font sentir.

 

Et quand il quitte son univers, on découvre que les jeux sont reliés entre eux, que Sonic et Ryu (« Street Fighter ») peuvent boire des canons ensemble, qu’il existe des réunions entre méchants déprimés et que l’intrusion d’un personnage dans un monde qui n’est pas le sien peut avoir de graves conséquences.

 

Largement dévoré par la folie créatrice de Pixar depuis la nomination de John Lasseter en directeur artistique, Disney réalise là son propre « Toy Story ». Le concept, bien que déjà vu, apparaît sans limites. On s’étonne alors que la magie n’opère vraiment que pendant le premier tiers du métrage. En effet, dès lors que le protagoniste pénètre dans le monde nommé Sugar Rush, tous les espoirs gigantesques permis au départ s’évaporent.

 

Un sidekick en forme de petite fille extrêmement agaçante vient l’accompagner et le scénario devient d’une naïveté particulièrement malvenue. Heureusement que visuellement c’est très beau et que la mise en scène assure un spectacle de qualité. Mais on regrettera longtemps ce premier tiers.

 

L’histoire se voit mise en place de la plus simple et de la plus belle des manières, comme un début made in Pixar. Puis s’enchaînent des scènes aussi originales (la fameuse réunion des méchants en mode alcooliques anonymes) que complètement dingues (une énorme intrusion dans un jeu d’action/SF qui laisse sur les rotules).

 

Une quantité de références phénoménales rendra fou les aficionados qui scruteront jusqu’au bout des décors pour apercevoir leur idole numérique. Dommage donc que la suite se perde de façon significative. Disney fait tout de même bien mieux que son concurrent Dreamworks en offrant une vraie histoire originale avec de réels moments de bravoure.